Marine Giangregorio

 

Cannibale

 

Silencieusement

De colère, je ronge mes épaules, engloutis mes seins, dévore mon sexe

Féroce, à grands coups de crocs mugissants, j’arrache mon ventre, extirpe

Jette à la lumière, estomac, intestin, foie, rate. Mes cuisses, je les fends de mes deux mains, pour y ensevelir ma bouche vorace et le cœur

Que faire du cœur replié sur lui-même, noué, qui pousse sans se débattre

De fragiles battements, dormant comme un nouveau-né.

Je recule.

Cruelle ! cruelle ! Violence aveugle !

C’est alors que jaillit, de la lettre à vos yeux, le sang en une longue plainte abyssale et résurrectionnelle

Mon sang qui tache parfois le coin de ses lèvres, lacérées à coups de baisers

Et de mots mordants, de mots terribles, de mots craintifs que le poème

Soigne tandis qu’il me re-compose

 

 

Le poème

 

Éternellement, je t’offrirais un poème

Petite, aux yeux rongés

Pour qu’il te chante le rien, l’insignifiant

La pluie et le soleil qui font les arcs-en-ciel

Un poème à boire entre tes paumes

Comme une source fraîche

 

 



Marine Giangregorio pratique la photographie argentique et réalise des films documentaires. Sa première exposition Énigme du désir, réunissant photographies et poèmes s'est tenue en mai 2019 à la Galerie L'Œil du Huit (Paris 9e), Poétique des Brumes, la seconde, s'est déroulée à l'EHESSS (Paris 6e). Ses poèmes sont publiés dans les revues MéningePergolaLes Cosaques des frontières, Poétisthme et Traction-brabant. Blog : Les mains flâneuses. Présente dans les n° 41, 50, 52, 53, 54, 55 et 60 de Lichen.

1 commentaire:

  1. Une poèsie qui vient de loin avec ses violences sa faim de vie et ses baisers créatifs.
    merci pour ce joli partage.

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