Guillaume 1918
Marne — gouffres de fatigue et de tertres brûlés
Sol meuble comme une laisse de mer,
interminable sous tes pas
Le grand arbitraire gouverne ses portefaix de hasard
dans la triste et quotidienne hécatombe
de tes camarades évincés
Le lit de repos l'édredon et la lampe
ne sont plus qu'une seule et même pensée
qui s'incline, tête basse, jonchée de réflexions mauves
à la racine des sorbiers
Toi, le coureur de fond entre deux lignes
souffle et sang conjugués traversant l'holocauste
aussi bien le crachoir et la herse, leurs coups de bec saignants
quand vivre t'obsède Guillaume, au beau milieu du brasier.
Née en 1968 à Toulouse, enfance passée près du Capitole, scolarité distraite : Marie Natanson Simpels aime déjà les voyages et déambuler sur le fil des mots. S'échappe à 17 ans pour parcourir l'Europe où elle travaille comme correspondante et journaliste, écrit de nombreux articles dans des revues culturelles. Lit assidûment Milan Kundera, Pascal Quignard et tous les poètes... Retour en France. Études de psychologie. Vit désormais en beau Périgord. Présente dans les n° 5, 6, 7, 8, 9, 11, 12, 13, 24, 25, 26, 27, 29, 31 et 34 de Lichen.
Terriblement évocateur, beau de douleur puissante, poignant.
RépondreSupprimerComme vous le connaissez et servez sa figure souffrante, et le rejoignez visionnairement, ce Guillaume le Grand bientôt ceint de sa mort, fils de la boucherie générale, père de ceux qui dans son sillage ânonnent, trop tôt disparu, à jamais présent, tutélaire, tutélaire...
"Jamais les crépuscules ne vaincront les aurores" (Guillaume Apollinaire, Le Guetteur mélancolique). Merci à vous pour ce très beau poème.
RépondreSupprimerTrès touchée Frédéric, aussi par la phrase en exergue d'Apollinaire, qui vient si justement souligner le propos...
SupprimerCher Clément, le '' Guillaume '' dont je parle s'en est miraculeusement sorti, a jeté ses médailles dans l'estuaire ( Gironde ) et a dès lors pratiqué la désobéissance et la fugue intensive jusqu'à ses derniers jours...Figure tutélaire et exemple, oui. Merci pour lui !
RépondreSupprimerM.Natanson.