Sur un autre mode
Après une journée de travail un peu contrariante, je préfère au mien beaucoup d’autres métiers. Quel confort ce serait d’être facteur, médecin libre de son temps, de tenir telle boutique où j’aime aller le samedi ! Le caissier m’apparaît à l’abri du monde dans la fourmilière du fast-food. Faussement naïf, je vis ainsi quelques minutes et je respire sur un autre mode. Mais ce n’est pas très utile.
La méthode de fond consiste à changer mon travail.
En ce moment, je suis à la fois entraîneur et sportif de haut niveau. La salle des professeurs a un goût de vestiaire où chacun se prépare à sa façon – moi, c’est en prenant l’air concentré. Les vides entre deux cours, les heures à la maison sont des phases de décrassage. Il s’agit de répondre présent à chaque rendez-vous d’une compétition de dix mois ; et je souffle et je sautille au moment d’entrer en jeu.
Telle est ma véritable échappée, qui est ma vie. Mon échappée mûrie, ancrée, durable. Ce n’est pas un hasard si, à la nuit tombée, je m’allonge par terre et fais des levers de jambe ; et je n’agis pas de la sorte quand je suis boucher chevalin.
Tel est mon seul accès à la saveur des choses.
Né en 1984, Marc Durain vit à Lyon, où il est enseignant en lettres. Pratiquant depuis longtemps l'écriture poétique, il a vu certains de ses poèmes paraître, ces dernières années, dans des revues comme Arpa, Phoenix ou Place de la Sorbonne. Présent dans le n° 54 de Lichen.
J'aime, et joli l'alexandrin final...
RépondreSupprimerMerci beaucoup !
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