passerelle
T’étais loin jeune fille. Vite un peu ta main sans oiseaux les livreurs de bons vins je m’en irai nous deux. La fenêtre ouverte et les feuillets mon enfant sont encore. Des plaies nous deux la migration des nuées passereaux sur ton cou – paresseux. L’âge d’un sourire. A quelques mers heureuses, un ciel brutal comme si la pluie devenait toi. J’ai le sentiment de toute vie. Les mains mortes. A longueur de toi c’est le temps qui tout fuit. Le peu de billes et le peu du jour. Enlevé par le regret je suis né dans une contorsion du monde. Petit bataillon d’ailes je voulais rejouer ton nom. Respirer le son de chaque lettre. Pleurer dans la lumière. Avec toi au loin souffrir, au coin d’un battement d’été. La pulsation de la pierre. Ces couloirs mille fois parcourus, soudain nouveaux. Je vois si bien le passé, il m’arrive d’un soleil révolu ; je suis oracle du temps nous deux, oracle de ta main, oracle de tes yeux, oracle d’un demain assassiné. Prière. Humer les hortensias. La lumière je la condamne, et celle de l’âtre et celle de ton être. Vite un peu ton rire perché sur la branche un aboiement de chien c’était là-bas. On n’y pouvait rien jeune fille rien de rien je m’en irai nous deux. Aux oiseaux de te fonder encore.
Né en 1993 à Saintes, Maëlan Le Bourdonnec a publié dans quelques revues comme Poésie/première, Le Capital des mots, Le Cafard hérétique, Pergola, ainsi que dans l'anthologie de Flammes Vives (vol. 3), et a obtenu le prix Printemps des poètes 2018 des éditions Robin, catégorie jeune espoir. C'est sa première apparition dans Lichen.
Poème aux émotions troublantes, instinctives ou libres, et d'une liberté de ton qui voyage ou qui s'interroge. Un style très personnel, construit, longuement médité, un style sculpté ou conquis dans la plus grande patience.
RépondreSupprimerUn grand merci à toi pour cette lecture !