Louison Delomez

 

Dernières lisières (fragments)

 

Il ne savait plus (mais l’avait-il jamais su) comment et où et même pourquoi aller à la recherche de ce qu’il fut,

C’est-à-dire quitte à singer une lente et forte ascension en soi qui déborde comme un fil de lumière, une voix je ne sais si d’insomnie qui pousse, gravit – 

Comment, où et surtout pourquoi forcer les mots à coups de versets poussiéreux (il entendait bien ces cordes étranges comme un instrument qui n’était pas sien) ;

Il sentait en lui la voix des autres

Et ne savait où fouiller la sienne qu’il avait cru déjà entendre, il ne savait plus quand. Ni d’où venue ni pourquoi, comment : fut-ce un crépuscule tandis qu’il flânait vers la gare

Avec la vague idée d’acheter des cigarettes, car alors

C’était autour l’imminence de l’orage et la chaleur humide dont, goutte à goutte, il percevait la molle circonférence dans les flaques, l’énergie dans les ombres des cours ; fut-ce 

À la rencontre des yeux, des mains, des cheveux, de la rougeur d’un visage

Qui peu à peu saturait le champ étroit de sa pensée, de la molle courbure

D’une colonne vertébrale que le désir changeait en épine, en douleur jamais vraiment rassasiée ; fut-ce

L’équinoxe de l’automne, tandis que derrière la brume il pressentait un battement comme un feu naissant à la rencontre de l’hiver ; fut-ce l’hiver, fut-ce l’été, fut-ce (et bien plutôt lui semblait-il) au gré des poèmes qu’il lisait chaque jour et qui avaient le pouvoir de saisir l’inflexion invisible dans quoi le monde et le cœur s’accrochent ou se griffent…

 

 



Louison Delomez n'a actuellement publié que dans la revue REVU de Nancy, où il vit depuis sept ans. Il écrit et lit de la poésie depuis son adolescence, et il lui a fallu presque quinze ans pour qu'il ait le sentiment de trouver enfin sa propre voix poétique, même s'il croit être encore loin de ce qu'il aimerait atteindre. Par le biais de la publication, il s'agit pour lui de se constituer une sorte de socle, afin qu'il puisse donner à son travail plus de clarté, pour lui permettre d'évoluer plus fermement. Présent dans les n° 19, 20, 21, 22, 23, 24 et 25 de Lichen.

 

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