Louise Moaty

 

Révolutions (2)

 

Et ils sont arrivés ils étaient là tous hâchoirs couteaux serpes racloirs sortis guillotine fers de lance les pointes barbelées lames feuilles de zinc et tout s’est déversé ciseaux doublesharpons grêle de dents d’acier pluie de fer de limaille vieilles poêles pliées une immense vague vague de métal vague d’éclats vague de bords acérés axes masses marteaux roues de toutes factures roues dentées roues voilées roues à rayons croisés bords de limes fendus et le plomb en coulée beau venin insidieux plaque tordue poinçons reflets empoisonnés éperons coutelas ou tôle perforée tout était prêt pointu taillé fondu fers-à-cheval cassés tout le poids des enclumes râpes poussière d’or orage d’épées finestous les miroirs crochets les scies rabots rouillés cottes de mailles stylets on a vu on a vu les étaux se serrer plats de cuivre cisaille aiguille à chas percé pincesscalpels griffoirs les vis se sont vissées les clous se sont cloués et alors tout s’est arrêté tout hâché enserré découpé tenaillé soudain une grande vague vague d’éclats vague de fer et de bords acérés.

 

 

 

Louise Moaty est née en 1978. Après des années dédiées au théâtre en tant que metteuse en scène et comédienne, elle se consacre depuis 2018 à l’écriture. Ce poème est extrait du recueil inédit À la métamorphosePrésente dans les n° 53, 54 et 55 de Lichen.

1 commentaire:

  1. Une vague de fer, très certainement. Quand la forme exprime si bien le fond...

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