Le hangar des mots moches

Le « hangar » : « une sorte de grosse benne à mots. Et dedans, on pourrait ranger les mots qu'on n'aime pas », selon les termes de son inventeuse, Sylvie Franceus.

De Laurent Thines, médecin et poète, un autre extrait de son recueil La Garde de Nuit, spécialement dédicacé au hangar aux mots moches :

Jolis maux

Lâché de ballon 

Pityriasis versicolore

Odeur de pomme verte

Macula rouge cerise

Langue framboisée

Nodules cotonneux

Cellules en bouquet

Marguerite porte intubation

Tumeur en aile de papillons

Doigt en col de cygne

Yeux en coucher de soleil

Angiomes stellaires

Queue de comète

Suite d'une liste de Sylvie Franceus :

- addition, parce que les chiffres m'ont toujours effrayée, le pire c'est la règle de trois ou la preuve par neuf, alors là...

- escalator, ce mot me fait penser à alligator mais je ne sais pas pourquoi ainsi dès que j'aperçois un alligator, j'imagine le métro, l'aéroport, le grand magasin, c'est couillon... !

- angélique, parce que ça fait un peu niaiseux et parce que ma grand-mère qui, aimait préparer à manger, avait une astuce pour décorer son gâteau de Pâques : s'il lui manquait des fruits confits, elle remplaçait l'angélique par des petits bouts de poireaux trempés dans un bain de sirop de sucre et personne ne faisait la différence, sauf moi qui étais dans le secret.

- dînatoires, à cause de ces apéritifs à la con , tu n'es pas vraiment assis, pas vraiment debout, tu ne manges pas vraiment, tu cherches ta place...

- margarine, à cause de l'entourloupe, la margarine c'est pour de faux, ça compte pour du beurre et puis ça ne marche pas avec le petit jeu de l'enfance qui disait en posant délicatement une fleur de bouton d'or sous le menton "t'aime le beurre ?". On ne dirait pas "t'aime la margarine ?", c'est beaucoup moins joli ! (SF)

Une contribution d'Isabelle Bidet : « le mot "moche", mot mâché relégué au fond d'une poche... »

Et, pour finir, un mot particulièrement moche pour Anaïk Simon : « ménage : un même mot pour le nettoyage et le couple ! Où est le rêve, la passion, le jardin d’Éden, le cadre enchanteur ? C’est un mot qui rapetisse ce qu’il évoque : un lieu de vie plaisant habité par des amants. »