Les textes obtenus avec les mots donnés
Pour ce n° 85 de Lichen, 32 mots ont été récoltés, reçus de 22 lectrices et lecteurs :
Verbes (7) | Adjectifs (3) | Substantifs (19) | Autres (3) | 32 |
batifoler | salin | taffetas | chacun |
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perdre | agenre | azur | Hécate |
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éviter | fixe | phare | invariablement |
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prendre |
| feu |
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mastiquer |
| contemporanéité |
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zigzaguer |
| humus |
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gréner |
| brin |
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| céladon |
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| tablée |
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| strass |
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| fagne |
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| laitance |
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| okoumé |
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| rabat-joie |
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| charivari |
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| goupillon |
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| rhizome |
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| provende |
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| intempérie |
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Cinq contributions me sont parvenues. Merci aux fidèles !! (Guillemet de Päranthez)
Un repas d'obsèques
La tablée mastiquait ferme sans perdre de temps à batifoler. Chacun évitait qui la laitance couleur céladon du poisson qui les rhizomes d'un végétal inconnu aussi dur qu'un brin d'okoumé que certains cherchaient à grener sans succès. Quand tout va bien, invariablement y'a un rabat-joie qui fout le charivari. Un agenre empoignant un goupillon se lança dans une diatribe en nous aspergeant d'eau bénite, une vraie intempérie ! Nous arroser, bon mais gâcher nos provendes ! En faire pis que des fagnes, non ! Pas nous prendre pour des grenouilles ! Zigzaguant parmi les tables, le regard fixe, un rien salin le curé débitait son oraison, le feu aux joues, on aurait dit un phare. Son discours ne faisait pas dans le strass ni le taffetas, plutôt genre humus, qu'on y finirait tous. Pas pour nous l'azur d'un séjour au paradis. En léger défaut de contemporanéité le frangin, et franchement pas cool dans ses divinations à la Hécate.
*
J'applique le « pourquoi-faire-simple-quand-on-peut-faire-compliqué » aux deux premières phrases contenant 12 mots :
L'ensemble des personnes prenant en commun leur repas trituraient de leurs dents les aliments sans abandonner un peu de temps à s'amuser à des jeux légers. Les convives considérés individuellement faisaient en sorte de ne pas consommer qui le sperme sécrété par les glandes génitales du poisson mâle durant la période du frai, couleur de ces porcelaines fabriquées en Chine, qui la tige souterraine, parfois subaquatique remplie de réserve alimentaire de certaines plantes vivaces, aussi dure qu'une jeune pousse d'essence de bois exotique particulièrement exploitée dans le bassin du Congo que certains cherchaient à réduire en petites structures contenant l'embryon végétal.
(Éric Cuissard)
°
Annie Hupé, de son côté, a choisi une autre contrainte oulipienne : il s'agit de l'« okapi », basée sur l'alternance d'une consonne et d'une voyelle, en partant du premier mot proposé : « batifoler ».
Céladon — un ado banal — en été batifole, le volage s'élève de vitamine de radis à marinade de wasabi. La sagace Hécate, ni copine, ni colère, le fera revenir ici, de l’azur à ce pâle humus. Ahuri, le gamin évitera — selon devise radicale — de se fixer, icône du badinage salin avec une dose de caramel épicé. Revigoré, tenace, sa libido ne ménage ni bigote, ni homo, ni hétéro.
(Annie Hupé)
En complément de la suggestion d'Éric Cuissard (publiée le mois dernier), Annie Hupé, oulipienne pratiquante, nous indique quelques liens :
- il y a le site « officiel » de l'Oulipo, pour se renseigner : https://www.oulipo.net/ avec (entre autres) un index des contraintes, outil très utile : https://www.oulipo.net/fr/contraintes ;
- Il y a aussi https://www.zazipo.net/, site sur lequel on trouve également une liste de contraintes : https://www.zazipo.net/-Contraintes-
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(sans titre)
Au loin, un phare, ses feux comme des yeux dans ma nuit.
Je zigzaguais depuis des heures sur les flots céladon.
J’avais perdu ma route, je n’avais plus provende depuis trois jours quand ses feux comme des yeux se posèrent sur ma nuit.
J’évitais ainsi de m’échouer sur les côtes qui déroulaient leur puissante dentition sous le strass des étoiles.
Hécate me protégeait.
Je l’avais invoquée au plus fort d’une intempérie quand j’avais failli périr goupillon sous les rouleaux et les charivaris des vagues aussi hautes qu’une forêt d’okoumés de mon enfance
La déesse m’avait entendue, offert son salut et ses cils de taffetas dans ma nuit saline.
La mer était redevenue câline dans le brin de nuit qui batifolait sous la laitance de l’aube qui se levait.
Je pus accoster.
La lune mastiquait les étoiles jusqu’à les grêner comme du sable.
J’évitais les rochers et les longs rhizomes d’algues qui plongeaient dans la mer azur.
J’étais vivante, affamée mais vivante.
Je ramassais quelques morceaux de bois échoués sur la plage au parfum fixe d’humus pour y faire du feu.
Je m’endormis bientôt avec l’image d’une longue tablée autour de laquelle, invariablement, je réunissais tous mes amis à chacunde mes retours.
(Joëlle Laugier Mansier)
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Agenre du « pourquoi » cherche Rabat-joie du « parce que »
Pourquoi ne pas batifoler dans les fagnes ? Parce que l’amour céladon te perdra
Pourquoi ne pas zigzaguer un brin ? Parce que l’humus, c’est fixe
Pourquoi le phare n’allume pas l’azur ? Parce que c’est l’Hécate des intempéries
Pourquoi le goupillon ne met pas le feu ? Parce que les rhizomes d’okoumé ne fixent pas le strass
Pourquoi en mastiquant la laitance est saline ? Parce que cette provende est invariablement marine
Pourquoi éviter la tablée ? Parce que le charivari des casseroles est prohibé
Pourquoi ne pas grener le taffetas ? Parce qu’il faut prendre chacun dans sa contemporanéité
Ah …
(BMB)
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Les mots
Batifolez sous les okoumés couleur céladon
Aspergez-vous avec le goupillon
Pour éviter le feu
Amour et cupidon ?
Zigzaguez entre les agenres sournois
Invariablement à la lune noire
Chacun mastique un brin d’humus
Amour ou rabat-joie ?
Dans le petit marais salin sali
Perdre la laitance du rhizome
De verre riche en plomb et de taffetas
Amour ou charivari ?
Intempéries du phare d’azur ?
Simultanéité d’apparition
Sur la tablée
Amour ou usure ?
(Alain Dambreville)
Et le Guillemet de Parenthez Il est en grève contre la réforme des retraites sans doute!!!
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