L’Atelier du don de mots



Les textes obtenus avec les mots donnés

Ce mois-ci, 53 mots (ou expressions) ont été récoltés, donnés par 27 lectrices et lecteurs, et 5 volontaires m'ont rejoint pour l'exercice. Je les en remercie !

(sans titre)
Sur le marché flânant, un Apollon photographe en deuil irraisonné de sublime, soudain saisi de réminiscences et prédictions, se faufilasinua jusqu’à rejoindrepresser la vierge bachelette qui musardait tardive, afin de l’effeuiller.
La belle n’était pas en besoin de plastie ! On n’eût pas mieux trouvé dans nulle ionosphère ! Mais de sa bouche en vérité ne s’exhalait que muetitude...
–  C’est mieux ainsi qu’un soupirailmacaronique bûche ! lui distilla le père, tout près de procéder à son démantèlementApprends de sa beauté bédouine, car sinon tu auras bien besoin d’un chouïa d’arnica. Apollon, appeau court ! Éradique ces sonorités d’anabase de ta balalaïka ! Toi, l’effeuiller... serait-elle un herbier ? Quelle erreur À défaut d’oxalis, de rémiges, d’une aubépine en fleur, j’m'en vais te ranger a contrario les folios de la cabosse, moi.
Ah rougeoyer, t’enflammercrépiter, te consumer, tu peux, mais avec style ! Et tant pis si ses yeux émeraude te valent un bon torticolis
(Clément G.S.)

Des charniers aux lumières
À défaut d'éradiquer les photographes en les utilisant comme bûches— quel plaisir pourtant de les voir s'enflammerrougeoyer, se consumer
les entendre crépiter et rejoindre enfin l'ionosphère dans des odeurs d'aubépine,d'arnicaet autres simples décorant les herbiers et s'étalant sur les marchés — à défaut donc et a contrario même, nous distillerons de sublimes sonorités de balalaïka en faufilant les cabosses avec style, sans souci du torticolis. Nous apprendrons à musarder en effeuillant la vierge bachelette tel Apollon flânant sous le soupirailAvec les réminiscences d'oxalis s'exhaleront nos erreurs, nos prédictions irraisonnées, nos deuils, nos muetitudes ou nos folios macaroniques. Derrière le père bédouin nous nous presserons vers l'anabase dans le démantèlement des idoles d'émeraude. La lueur de la vérité modifiera notre plastie, apparaîtront le long de nos bras quelques rémiges et nous sinuerons avec grâce vers une tardive mais ultime métamorphose.
(Éric Cuissard)

« À la base, c’est Anabasequi, à la lueur tardive d’un réverbère berbère, demande à Aubépine, sa copine bédouine :
— T’as déjà soupiré sous un soupirail, toi ?
— Nan, la vérité c’est que ça m’enflammerait le torticolis.
— Et t’as déjà musardé sur un marché ?
— Nan, j’préfère la muetitude à la sonorité.
— T’aimes donc pas la balalaïka ?
— Nan, j’préfère le luth dApollon.
— T’effeuillerais pas l’herbier avec moi ?
— Nan, t’as ni le style ni les rémiges pour m’éradiquer !
— Ah, encore une vierge sublime qui se consume dans le deuil de son père 
— Mais nan, espèce de bûche, j’apprends de mes erreurs ! »
(H. Py)

Macaroniquement parlant
Madonna (vierge) mia ! È vero, questo gioco è veramente un gioco maccheronico (macaronique) : stilo (style), verità (vérité), sonorita (sonorité), reminiscenze (reminiscences), predizzione (prédictions) — con molti errori (erreurs) — dà la meravigliosa (sublime) possibilità de accendere (s'enflammer) !! 
A contrario, mon père qui était né au pays d'Apollon ne se serait pas pressé pour diluer le langage de cette façon irraisonnée, lui pour qui apprendre était l'anabase de la connaissance. À défaut de rejoindre l'ionosphère, il aimait flâner, musarder dans le riche herbier de la poésie et, rémige à la main, effeuiller folio après folio, l'aubépine, l'oxalis et l'arnica pour finalement se consumer, se distiller et s'exhaler à la lueur d'un feu de bûches. Quand l'amour ne le faisait crépiter et rougeoyer pour une bacheletteondulant, sinuant au son tardif d'une balalaïka. 
Mio padre, vero fotografo (photographe) della muetitude (muetitude) e della chirurgia (plastie).
(Annabelle Gral) 

Douleur d’enfant
À défaut d’être Apollon, corps vieillissant sans plastie, en pleine anabase, mon grand-père, photographe amateur tardifmusardait et flânait sur les marchés, séduisant les bachelettes à l’insu de ma grand-mère. A contrario, il adorait s’enflammer en forêt récupérant de magnifiques rémiges, devant les oxalis émeraudes et sublimes qu’il effeuillait au retour dans son herbier où séchaient déjà les fleurs d’aubépine et d’arnicavierges d’impuretés. Dans la lueur du  soir, nourris d’histoires de Bédouins ou de balalaïka en collection folio, devant les bûches qui crépitaient et se consummaient, rougeoyaient nos visages. De nos narines s’exhalaient des réminiscences de petite enfance, démantèlement de jeux, de parfums de cabosses, de nos erreurs aussi punis par des torticolis douloureux, lorsque sans se presser, il nous avait appris la mort de notre père. Cette vérité sans prédictions, distillée dans un style proche de muetitude, et non macaronique, prit une sonorité curieuse, irraisonnée qui nous poussa à sinuer et à nous faufiler hors de cette ionosphère pour rejoindre par le soupirail notre cachette d’enfant. Ma sœur hurla. Je la suivis d’un cri terrible. Nous cherchions à éradiquer la douleur unique de la perte d’un père... Le deuil serait-il possible ?
(Sophie Marie Van der Pas)

Tout un programme !
S'enflammer pour une bachelette vierge
effeuiller une anabase macaronique
musarder sous la sublime réminiscence
distiller l'arnical'aubépine et l'oxalis
apprendre les folios d'un herbier bédouin
éradiquer les erreurs de plastie d'un Apollon en deuil
s'exhaler dans la lueur de la ionosphère
sinuer entre les prédictions irraisonnées
presser une cabosse de balalaïka sur son torticolis
rejoindre un père photographe de style
se faufiler par un soupirail a contrario
flâner sur le marché des sonorités
crépitecomme le démantèlement d'une bûche
rougeoyecomme les rémiges d'une émeraude 
... à défaut de se consumer pour une vérité tardive
(Guillemet de Päranthez)

2 commentaires:

  1. Toujours aussi jouissif de lire les multiples possibilités des mots et de découvrir des mondes nouveaux !!!

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  2. Dame Hélène, bien que quelques substantifs furent par vous snobés, il vous sera grandement pardonné.
    En effet: "T'effeuillerais pas l’herbier avec moi" va inévitablement prendre la place de:"D'amour mourir me font belle Marquise vos beaux yeux" dans le classement des déclarations irrésistibles. Je m'en va l'essayer.

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