L’Atelier du don de mots


Les textes obtenus avec les mots donnés

Au cours du dernier mois, 50 mots (ou expressions) ont été récoltés, donnés par 23 lectrices et lecteurs, et 7 volontaires m'ont rejoint pour l'exercice. Je les en remercie vivement !

(sans titre)
À la façon d’un colporteur à soutane, il offrit soudain à la ronde une provende qui étonna 
— « Sera récompensé qui fera éclore une rencontre salutaire. »
Ce fut lancé à nu et sans rien de rébarbatifchastement certes !, mais il te vous ficelait ça tellement mieux que son prédécesseur, plus théâtralement !
Un peu comme après un rapt, la monodie brute qui faisait lien dans le bastringue mourut un moment, sous les yeux d’agate du grand-duc et de l’aye-aye aux toiles d’araignée complétées de bolduc, près de l’aquarium à luminescences.
...Et il y en eut même qui voulurent épuiser leurs querelles d’artiche, cette chienlit. Puis l’esplièguerie ambiante se phrasapatoisa... et se raviva goulûment en polyphonie avec tamboursfaridondaines et youpis !!!, à l’aplomb des enjoués arpions
(C.G.S.)

À la rencontre des plaisirs perdus.
Nu sous la soutane, théâtralement, chastement, si l'on peut dire, un moine rébarbatif ficelait une nonnette — pauvre victime d'un rapt, probablement — au bastringue qui jouait polyphonies salutaires, faridondaines de caoutchouc, aussi bien que monodies rébarbatives au tambour solo.
Dans l'aquarium, le duc, l'archiduc, le bolduc et toute la chienlit du duché, pleine d'artiche et reniflant des arpions, s'offraient goulûment ce spectacle brut de manganèse et dégoulinant de pus. Le roi récompensait sa cour avec plus de faste que son prédécesseur. D'énormes bouquets d'ancolies épuisaient les suspensions à l'aplomb des provendes, disposées par espièglerie en toile d'araignée dans de somptueuses jattes en agate. Un colporteur étonnait les convives en patoisant avec un aye-aye qui phrasait certes mieux que son dresseur. À mourir de rire !
Youpi !, hurla l'assemblée voyant éclore sous les liens les fesses monacales ravivées de pruine, dans toute leur luminescence.
(Éric Cuissard)

(sans titre)
patoiser en soutane
chastement sur un âne
m’offre un lien

avec polyphonie
ou avec monodie
grégorien

mais un tambour vidé
en voilà une idée
qui étonne

nettoyer l’aquarium
et le tépidarium
où chantonne

luminescente lune
une agate à la brune
lasse un peu

ficeler sans façon
la nonette à l’aplomb
du bastringue

récompenser le duc
colporteur de bolduc
c’est tout dingue

la toile d’araignée
épuise ma pensée
sans couleurs

qu’éclose l’ancolie
en cette espièglerie
ou je meurs
(Annie Hupé)

Spectacle
La troupe « Aquarium » avait quitté le duché. Le duc, à la perruque bouclée comme du bolduc, belle agate à son collier d’argent, en lien avec quelques soutanes bien pensantes, avaient récompensé  bouffons et chienlits, bien mieux que leurs prédécesseurs. Les acteurs pouvaient aller patoiser et ficeler la pièce rébarbative, la raviver en faridondaine, avec aplomb, dans la campagne avoisinante. Une rencontre théâtralement inspirée par un colporteur accompagné de son aye-aye apprivoisé, amateur de monodie, parfois de polyphonie, venait d’offrir son logis pour la représentation. Gratuit, sans artiche. Ce fut salutaire. Youpi ! La provende mise au rebut, la salle nuebruteles toiles d’araignées balayées, luminescence retrouvée, on installa  un espace pour accueillir comédiens et tambours, décor de bastringuecaoutchouc, bouquets d’ancolies juste écloses, table garnie de fruits envahis de pruine, des nonettes pour la fin du spectacle qui seraient goulûment accompagnés de piquette à faire danser les arpions. Certes, les petites gens s’étonnaient de cette aubaine, certains phrasaient, comme les riches, d’autres s’épuisaient chastement à comprendre l’intrigue amoureuse, faite d’espiègleries. On oubliait enfin la peste, les pus, les manques de manganèse, le rapt des enfants sains, on ne parlait plus de mourir, on saluait enfin le retour à la vie.
(Sophie Marie)

Le rap(t) du colporteur
« Je ne veux pas mourir avant de m'offrir une petite faridondaine salutaire ! », se disait, pensif, un colporteur sur le retour, en mal de fantaisie. Et voilà que de passage dans le duché d'Youpi, il s'était senti l'envie de faire éclore une rumeur, comme ça, juste pour le plaisir...
Il avait profité de la chienlit ambiante pour patoiser avec les pensionnaires du couvent et leur avait débité ses plus fines espiègleries, ficelant son histoire comme un bolduc autour d'une agate. Les nonnettes n'en croyaient pas leurs oreilles d'aye-aye en écoutant son phrasé de bastringue. 
– Contrairement à son prédécesseur, leur avait-il dit, le duc prendra la soutane et tout le duché en sera récompensé, artiches sonnants et trébuchants.
– Le duc prendre soutane ! avaient soufflé, étonnées, les jeunes religieuses. 
– Mais oui, et on célébrera ce rapt avec une grande luminescence, ce sera partout des refrains en monodonie, votre couvent se parera des plus belles ancolies, les fruits se couvriront de pruine, la provende nourrira vos bouches aussi goulûment que le manganèsele caoutchouc ! Et ce sera la fête, théâtralement mais chastement sur tout le pays. Je vous le prédis !
– Mais pourquoi parlez-vous de rapt ? Si le duc prend la soutane, c'est qu'il souhaite raviver sa flamme, c'est qu'il ne supporte plus de se voir les arpions pris dans les toiles d'araignée, qu'il veut rompre le lien qui le rattache à ses obligations rébarbatives, aussi exécrables que le pus de la variole !
Les pensionnaires continuèrent à argumenter avec ce bavard colporteur de fariboles, n'entendant pas se laisser noyer comme des alevins dans un aquarium.
Certes, cette histoire peut paraître aussi brute qu'abracadabrante. On entendit pourtant le dimanche suivant une fière polyphonie se propager dans sa nue pureté au-delà des murs du couvent. Elle remplaçait les roulements de tambour habituels. 
C'est ainsi que notre colporteur subjugué décida de profiter de la rencontre avec les occupantes du couvent pour poser son baluchon.
(Annabelle Gral)

Et dans le fond du seau 
Elle avait bien ficelé le bouquet d’ancolies qui trempait salement dans le vase en agate de mémé.
Mémé, on ne la comprenait pas toujours parfaitement, on savait juste qu’elle n’avait pas envie de mourir surtout lorsqu’elle s’empiffrait goulûment de nonnettes à l’orange qu’Anna rapportait chaque lundi de l’épicerie. Le paquet de six ne risquait pas les ravages de la pruine automnale. Fallait voir la descente ! Le vieux gosier émettait toujours, à la fin du bastringue digestif, un langage qui titillaittous ceux qui savaient magnifiquement phraser, façon Molière et consorts. Mémé et Anna patoisaient en une charmante polyphonie. L’une ayant passé sa vie avec un colporteur, vendeur de caoutchouc en tous genres, maître de l’alliage entre manganèse et petite monnaie, père adoptif d’un aye-aye à poils ras, très fortiche en espièglerie et autre monodie, dont lui seul avait le secret. Faut dire que la bête savait jouer du tambour comme personne et se trépignait en une faridondaine qui n’avait rien de rébarbatif, bien au contraire — surtout quand il laçait ses petites pattes avec un bolduc rouge rayé de jaune. Même le curé, catalan par son père, en avait la soutane toute retournée quand il s’agissait de récompenser l’animal et de raviver les couleurs ancestrales. Le maire du village ne laissait rien éclore et personne ne s’en étonnait car enfin, la dignité était là, dans la parole salutaire qui chassait la chienlit lubrique de celui qui avait des toiles d’araignée sous sa bure délavée. Alors le curé se contentait d’offrir au gros chat une caresse nue sur son pelage indifférent. L’autre étant originaire d’un duché lointain, descendante d’un duc pacifique, élevée chastement certes mais pourvue d’un savoir sur la nature humaine propre à étonner par son aplomb et la luminescence de son charme nordique. Cependant Anna était pauvre, vêtue chichement, des trous à ses chaussettes laissaient voir ses charmants arpions. Dans ses poches, c’était le néant : pas la moindre artiche dedans. Passionnée de poissons, elle possédait un aquarium mais il était vide. Elle avait enterré sa dernière truite sous une purée de patates que mémé avala en une succion théâtralement remarquable ponctuée par un bruit brut et unique qui la mena droit vers le seau posé au pied de son lit, au cas où… Dans le fond du seau, une trace de pus sec rappelait au bon souvenir d’une rencontre entre mémé et un personnage peu recommandable. Il l’avait alpaguée avec un cabas rempli de provendes bien grasses et cela avait suffi à tisser un lien fugace mais tenace pour le seau. Anna regardait mémé s’épuiser à raconter ses frasques avec son prédécesseur qui avait fini par se lasser des mâchouillis séniles et c’est à ce moment précis que sa respiration cessa. Enfin, le pactole allait lui revenir de droit. Youpi !
Anna ne prit pas la peine de nettoyer le seau, elle courut chez Monsieur le Curé…
(Sylvie Franceus)

(sans titre)
Lorsqu’il patoisele colporteur phrase en évoquant l’artiche et les provendes qui le récompensent à la suite d’une monodie accompagnée d’un tambour. Avec espièglerie, il entonne « faridondaine... », avec sur ses arpions son aye-ayebolduc au cou et yeux d’agate, donnant un air de bastringue au duchéCertes le duc aurait préféré offrir une rencontre avec polyphoniesthéâtralement mises en scène. Mais la soutanerébarbatif pustoile d’araignée pleine d’aplomb, crie à la chienlit. Alors, comme son prédécesseur, le duc s’épuise chastement à cultiver, avec force manganèse, le caoutchouc ; il s’étonne de la luminescence produite par l’aquarium ; il regarde éclore l’ancolie et ravive la pruine des raisins. Youpi ! Un brut rapt salutaire le fait mourir coupant tout lien !
(Anaïk Simon)

(sans titre)
Une agate et une ancolie
bien d'aplomb sur leurs arpions,
chassait l'artiche des ayes-ayes
dans un aquarium de bastringue.
Du bolduc brut en caoutchouc
(certes chastement, hein !)
c'est la chienlit, mon vieux colporteur !
Quand le duc, dans son duché,
éclotépuisé, son espièglerie étonna
toute la faridondaine ficelée
goulûment par un lien de luminescence.
Cette monodie à faire mourir
une troupe de nonnettes nues
offrait de patoiser et de phraser
en polyphonie de manganèse.
Mais son prédécesseur, pour provende,
lui donnait de la pruine pleine de pus
et ce rapt raviva les rébarbatifs
les récompensant d'une rencontre salutaire
avec une soutane et un tambour
théâtralement réunis sous une toile d'araignée.
Youpi !
(G.de P.)

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