1
dès que tarit l'enfance
nous nous blottissons au creux de la terre
veillant sur l'aube suivant le destin
comme le vent grégaire qui s'épuise et frôle nos corps
dans la soudaineté du dire
figés par l'oubli nous attisons les jours brisés
nous laissons au lointain le goût de la trahison
pour que l'homme apparu
s'évade du papier inaccompli.
2
ton visage dans le miroir animal
est assoiffé de lui-même
l'invisible écho de la vie le rend flou
et tu songes à regarder de plus près les contours
de cette aube sur tes joues qui demeure
le spectre de la vieillesse est là
interrompant ton observation
tu le maîtrises et l'enchaînes
comme une déroute ultime où l'ornière du lendemain s'échoue
tu meurs un peu plus chaque jour
dans ce reflet inhérent au matin.
Poète breton né à Dinard en 1981, Khamylle-Abel Delalande a fait ses études universitaires de Lettres à Rennes de 2000 à 2004. Mais sa vocation littéraire commence bien avant, en 1997, lorsqu'il écrit ses premiers textes. Petit à petit, il se découvre une passion pour la poésie et la philosophie. Après quelques années d'enseignement à Paris et en Bretagne, il se consacre aujourd'hui exclusivement à l'écriture. Il a déjà publié six recueils (chez Édilivre et aux éditions Vérone) : La Volonté du peuple (2013), La Traversée du non-lieu (2013), Le Sel aride suivi de L'Arrêt du réel (2013), Les Racines et les ombres (2014), La Conjuration des Roses (2018), Sémantique de l'absence (2018). Les poèmes ci-dessus sont extraits du recueil inédit À l'Insu des regards. C'est sa première apparition dans Lichen.
Merci pour ces très beaux vers :
RépondreSupprimer"figés par l'oubli nous attisons les jours brisés
nous laissons au lointain le goût de la trahison
pour que l'homme apparu
s'évade du papier inaccompli."