Jules Masson Mourey

 

Polaroïds

 

Rappelle-toi l’arrière-cour de cette synagogue

des lauriers-roses et des fresques aux murs

quelqu’un cuisinait des beignets d’artichaut

et des matzot pour la Pâque

 

 

Je me souviens de ces petites palourdes poêlées au soleil

qu’on mangeait comme des popcorns depuis la digue 

en crachant les coquilles à l’eau

en regardant la danse très lente des dragueurs 

au confluent des trois fleuves boueux

 

 

Rappelle-toi aussi cette haute ruelle du vieux Lisbonne

c’était dimanche et la fin de l’hiver 

avec partout des draps blancs aux fenêtres 

l’odeur du linge propre dispersée par le Nortada de midi

 

 

Il faut bien les doigts craquelés de Tarek

le taiseux numide

pour sortir de sous le sable

une galette cuite comme un morceau de soleil

 

 

et si l’odeur de la parfumerie en salle d’embarquement

c’était ça finalement

l’odeur du Monde ? 








Né en 1992 à Schœlcher (Martinique), Jules Masson Mourey est titulaire d’un doctorat en archéologie à l’Université d’Aix-Marseille. Spécialiste de l’acte graphique et des images du corps, il publie ponctuellement de la poésie au sein de diverses revues. Présent dans le n° 75, 76 et 81 de Lichen.

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