Polaroïds
Rappelle-toi l’arrière-cour de cette synagogue
des lauriers-roses et des fresques aux murs
quelqu’un cuisinait des beignets d’artichaut
et des matzot pour la Pâque
*
Je me souviens de ces petites palourdes poêlées au soleil
qu’on mangeait comme des popcorns depuis la digue
en crachant les coquilles à l’eau
en regardant la danse très lente des dragueurs
au confluent des trois fleuves boueux
*
Rappelle-toi aussi cette haute ruelle du vieux Lisbonne
c’était dimanche et la fin de l’hiver
avec partout des draps blancs aux fenêtres
l’odeur du linge propre dispersée par le Nortada de midi
*
Il faut bien les doigts craquelés de Tarek
le taiseux numide
pour sortir de sous le sable
une galette cuite comme un morceau de soleil
*
et si l’odeur de la parfumerie en salle d’embarquement
c’était ça finalement
l’odeur du Monde ?
Né en 1992 à Schœlcher (Martinique), Jules Masson Mourey est titulaire d’un doctorat en archéologie à l’Université d’Aix-Marseille. Spécialiste de l’acte graphique et des images du corps, il publie ponctuellement de la poésie au sein de diverses revues. Présent dans le n° 75, 76 et 81 de Lichen.
J'adore, merci !
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