Ostraka (2)
je me représente
loin après l’horizon d’or
le pays des cachalots batifoleurs
aux sourires gourmands comme des forteresses
devant la viande rouge écarlate des calamars géants
*
des arabes de Tartessos m’ont tiré les cartes
après m’avoir pris dix-sept amphores de second vin
non sans les goûter chacune
et rapporté quelques histoires extravagantes
donc :
il est dit que je terminerai ma vie
sur la plage d’une île lumineuse
*
dans le gras du pouce de ce ciel-là
il y a comme douze écorchures
qui ont la forme
d’une galère africaine
d’une tour à feu
et de croix grecques
de ponts franchis
de ponts abattus
des regrets de Valens
quand sa tête roula au soleil
d’une saucière à poisson et d’une sourate
si belle
qu’elle en serre le cœur
du somptueux banquet d’un docteur italien
d’un anachorète et de ses chèvres
de ciseaux et de mâchicoulis
des larmes d’un antiquaire de Carthage
et aussi ta forme à toi
brune comme le sable, sous les figuiers
Né en 1992 à Schœlcher (Martinique), Jules Masson Mourey est titulaire d’un doctorat en archéologie à l’Université d’Aix-Marseille. Spécialiste de l’acte graphique et des images du corps, il publie ponctuellement de la poésie au sein de diverses revues. Présent dans les n°75, 76, 81 et 94 de Lichen.
Beau et palpitant comme un conte
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