Le monde est là, autour, et je le vois se tordre, peau de chagrin, se réduire soudain à l'inhumanité érigée en système, fatalisme d'un tout venant subi, devant l’inéluctable.
Ce monde a mal de nous et des enfants qui meurent. De la terre appauvrie, des rivières asséchées, De l’air que l’on réduit en formules chimiques. Des insultes prônées en guise de discours. De la pauvreté d’âme de toutes certitudes. Du sang séché partout, ou qui s’écoule encore, au nom de fanatismes que nous avons semés.
Et je vois tout cela, lorsque parfois mon monde s’arrête à ma fenêtre, que je n’ai plus de beau à mettre sur mes mots et que le doute en moi fait plus que nécessaire, me laissant grise mine et goût de barguigner.
C’est alors que je sais combien j’ai de la chance de prolonger la mer dans mes chaloupes mots, de pouvoir me rêver quelques matins magiques, de ponctuer parfois de superbes révoltes, d’envolées fraternelles et d’émotions intenses, le temps qu’il reste à vivre. De penser mes enfants.
J’en sais dès lors tout ce qu’il faut en faire. Blottir en moi et contre l’autre le beau et la tristesse. M’émerveiller encore de ce temps retrouvé et toutes ses fenêtres, apprendre à épurer.
Y puiser d’autres forces pour mieux les redonner. Et repartir au monde pour un peu l’arrondir, chuchoter lentement des mots d’ordre de vie, des consignes incertaines de faire pour le mieux, ensemble et en partage.
Dans la fraternité chaude des petits colibris.
Jean Diharsce, 65 ans — qui a fait le choix de vivre en Bretagne où la mer, les rocs et les mots sont rudes et doux — écrit tous les jours et publie sur les réseaux sociaux. Il a regroupé certains de ses poèmes dans un recueil, Île en ailes (éditions Jacques Flament). Présent dans les n° 45, 46, 47 et HSC de Lichen.
Une toute belle découverte pour moi que d’avoir fait connaissance avec l’homme, le poète Jean Diharsce par le biais de FB , et par la même un réel bonheur de découvrir sa poésie , ses mots qui s’enroulent dans le doux qui sont de vraies petites merveilles .. que dis-je des pépites .
RépondreSupprimerMerci tout plein