Isabelle Delpérié

 

Tristes seraient l'ombre de l'arbre sur le toit, le paquet de café entamé, nos reflets troubles dans le miroir et l'amas de livres sur la table basse

 

Tristes seraient le chemin le long de la rivière, le scroll incessant sur nos téléphones, le masque en tissu à pois rouge et les glycines qui s'entêtent

 

Tristes seraient les corps, le sommeil agité, la terrasse du Café-cantine, les attestations dérogatoires,  nos hésitations et le soleil en oblique sur les façades

 

Tristes seraient nos îles

 

Si nous étions à nouveau séparés. 


°


J'écris les yeux fermés

la mer

juste avant que le jour tombe

Je dis le vrai au fond

la beauté de ma fille

la beauté fragile des jardins

et ma mère en-allée.

Je dis par bribes

les vitraux des églises

les fenêtres allumées le soir

au matin le ciel rose et ouvert

sur les clochetons du collège Henri IV

Et l'immobilité des lacs

juste avant le ricochet.

 

 





Isabelle Delpérié vit aujourd’hui à Poitiers mais en vrai elle est nomade, océanique et rocheuse. Elle écrit ce qu’il y a à écrire, fait des collages et des photos aussi. Elle cherche les traces. Certains de ses textes ont été publiés dans la revue de poésie vive Nouveaux Délits. Ses travaux sont visibles sur le blog https://lafabriquesensible.blogspot.com/. Présente dans le n° 59 de Lichen.

1 commentaire:

  1. ERIC CUISSARD7 mai 2021 à 08:36

    Ô! "l'immobilité des lacs juste avant le ricochet"...
    Et la violence faite à la pierre plate qui dormait tranquille sur la rive.

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