Hoda Hili



nasse d'été 

        « comme un poisson dans l’eau », 
les nasses s’y refusent, frétillant de paradoxes
pour gagner les eaux claires.

nasses : aphorismes sous l’eau 
(dur travail qu’être soi, même 
comme un autre) 

Le silence m’a trahie.
Il me trahira encore, toujours
parce que le monde est contre lui 

Pourtant, je l’aime

Je l’aimerai encore, toujours

l’été, lorsque que je sens la rivière 
envelopper mon corps nu, je mue
et lui pardonne

Et c’est ainsi à chaque fois que je le sens en moi
Partout, toujours
en moi, l’amour de nulle part l’étreint






Hoda Hili, franco-marocaine originaire de la philosophie, nous fait cet aveu : ses expériences les plus riches ne sont pas de grands voyages sur le globe mais dans les terres sauvages du dedans, en quête de ce qui lie, sépare, brise, construit. Les autres, l’imagination farouche, la critique bienveillante de ses cultures (leur « normalité » douteuse) : voilà ce qui l’a enrichie. La poésie dans tout ça, c’est une peau-éthique, l’extension nerveuse des chemins de la liberté. Où sont-ils, pour chacun, ces chemins invisibles ? Où vont-ils ? Pourquoi ? Les nasses, qu’elle compose au fil de l’eau pour Lichen, remuent ces questions sans apporter de réponse. Juste des paradoxes et d’intimes injonctions oscillant entre le sentiment et le monde. Présente dans les n° 4, 6, 7, 8, 10, 11, 12, 14, 15, 16, 21, 24, 28 et 33 de Lichen.

3 commentaires:

  1. "Dans le silence de la mer y'a comme un balancement maudit qui vous met le cœur à l'heure....()
    Immobile. L'immobilité ça dérange le siècle...
    LÉO FERRÉ. Il n'y a plus rien.

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    1. merci pour cette belle référence... en écho, un clin d’œil ricoche :
      "(...) perpétuel matin ; les bois sont clairs et fébriles, l'air frais puise dans les sols
      les sueurs de la mer"
      in "les nuits obscures", extrait de "de Robenbach à Vence", édition de l'Eau douce, 2016
      (édition libre, comme l'air et comme Élisée Bec)

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  2. Parfois je le recherche comme on cherche la solitude et quand je l'approche il reste ce bruit fluide des battements de mon coeur.
    J'aime beaucoup votre poésie.

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