Hoda Hili



nasses (saison 2)

        « comme un poisson dans l’eau »,
les nasses s’y refusent, frétillant de paradoxes
pour gagner les eaux claires.
nasses : aphorismes sous l’eau 
(dur travail qu’être soi, 
même comme un autre)


Après de longs hivers à les suivre, je les débusque 
et leurs refuges me font maintenant sourire avec tendresse.

Mes lâchetés m’ont rendue courageuse.


Ô saisons, je vous aime ! 
Le bourgeon est la promesse du fruit 
Le fruit porte 
en lui  le bourgeon, la fleur et leur oubli 

Ô saisons, je vous aime ! 
Hier, ici
Aujourd’hui, là 
(Là, demain ?)
Là, printemps
Là.

Ô saisons, je vous aime ! 







Hoda Hili, franco-marocaine originaire de la philosophie, nous fait cet aveu : ses expériences les plus riches ne sont pas de grands voyages sur le globe mais dans les terres sauvages du dedans, en quête de ce qui lie, sépare, brise, construit. Les autres, l’imagination farouche, la critique bienveillante de ses cultures (leur « normalité » douteuse) : voilà ce qui l’a enrichie. La poésie dans tout ça, c’est une peau-éthique, l’extension nerveuse des chemins de la liberté. Où sont-ils, pour chacun, ces chemins invisibles ? Où vont-ils ? Pourquoi ? Les nasses, qu’elle compose au fil de l’eau pour Lichen, remuent ces questions sans apporter de réponse. Juste des paradoxes et d’intimes injonctions oscillant entre le sentiment et le monde. Présente dans les n° 4, 6, 7, 8, 10, 11, 12, 14, 15, 16, 21, 24 et 28 de Lichen.

3 commentaires:

  1. Réponses
    1. merci Côlette... amour partagé !

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  2. le temps-spirale évoqué (non résumé, on ne résume pas le temps inénarrable) en seulement trois vers allants, profonds : tendre entousiasme.

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