Hafez Mousavi


Les chars

En face, il y avait une plaine
sans horizon
et sans ciel.

Il n’y avait ni vent
ni pluie
ni soleil
et nous étions deux
bouches closes
sous un arbre sans ombre.

Soudain émergèrent des cavaliers
de quelque part
avec des chevaux nuageux
qui traînaient derrière
les chars avec les cadavres de jeunes gens 
emmaillottés dans les suaires
qui, de toute façon,
                n’étaient guère blancs.
Les chars 
furent suivis d’hommes
qui jouaient mollement du tambour 
À leur tête, une nuée de femmes en noir
qui, serrant contre elles
des silhouettes jeunes,
avançaient
tout éplorées
et une longue file d’enfants sans sourire
les suivaient.

Nous étions deux
à regarder la plaine
sous un arbre sans ombre.

L’automne arriva
et les feuilles enflammées
nous tombèrent dessus
l’une après l’autre.

Alors, 
Seulement l’un des cavaliers
se dirigea vers nous
avec un char vide.






Hafez Mousavi est né le 6 mars 1955 à Roudbar. Il est poète, membre de la société des écrivains iraniens et a été le rédacteur en chef de la revue littéraire Kâr-Nâmeh. Avec Chams Langaroudi et Chahab Mogharabin, il avait fondé la maison d’édition « Ahangi Digar » qui a apporté, pendant ses dix années d’existence et jusqu’à l’interdiction de ses activités, sa contribution à la littérature et, notamment, à la poésie. Ce poème a été traduit de l'arabe persan par Babak Sadeq Khanjani.

1 commentaire:

  1. Soudain le mouvement se fige tandis que le temps s'accélère. Merci. C'est très beau !

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