Guy Coutherut

 

Moi j'.

 

… car l'herbe c'est nature. Pur cadeau. Tu l'anales, tu l'avales, c'est du chaud, frère ; c'est la beauté cachée des secrets que tu craches !

Elle parle seule. Elle avance sur la plage, elle n'a plus de chaussures, elle s'arrête là, elle lève les bras, s'adresse aux arbres, aux bêtes, au bleu des vagues.

Elle s'appelle Clara. Ses parents l'égarèrent dans la nuée des eaux et les nuages la recrachèrent, nue, sur le sable.

Dès l'aube, elle se lève. Et elle part. Et elle parle. Elle attrape des phrases éclatées, balayées par les vents, arrachées au réel. Elle les élève et elle les dresse, tels des fauves en cavale échappés de ses rêves.

Et au crépuscule, quand la peur la prend, elle trébuche. Là. Elle chute.

Elle se relèvera. 

Elle te tendra les bras quand tu perdras la tête. Les traces de tes ancêtres.

Ne la chasse pas, Bébé. 

Elle te rendra l'enfant que tu auras été.

Clara la fée des égarés.

 

Passants ! Chantez les quatre lettres que ce texte a tenu cachées. Et chantez leur absence, car la Terre saura s'en passer.

Bye bye.

 

 

 



Membre de l'espèce humaine et conscient que celle-ci se hâte vers une fin aussi indéterminée qu'inévitable, Guy Coutherut tente en permanence, depuis qu'il sait parler, un dialogue avec les arbres, les oiseaux et les nuages en vue d'éclaircir la situation. Devant l'ampleur de la tâche et la maigreur des résultats, il s'applique à ne rien faire qui puisse le décourager. Présent dans les n° 41, 42, 43, 44, 47 et 51 de Lichen.

1 commentaire: