Eurydice
À votre nuit précoce, ô nullement caduques
Ténèbres, celui-là que cernent ces lauriers
M’arrache s’il poursuit ses pas aventuriers
Jusqu’au jour ambitieux où mon amour l’éduque.
Nous marchons. Je retrouve aux pointes des fétuques
La sensibilité de bras suppliciés
De n’épouser jamais que le balancier
Du faisceau de soupçons rassemblés sur sa nuque.
C’est moi pourtant, moi débordante d’abandon,
Mais muettement moi telle criante offrande,
Et d’avance fidèle à toute prévision
Superbe d’une perte immortellement grande :
Je suis la vérité vivante à condition
Qu’un pur aveuglement longuement l’appréhende.
Acteur au cinéma et au théâtre depuis un vingtaine d'années, Grégoire Leprince-Ringuet est également l'auteur et réalisateur du film La Forêt de Quinconces (2016) qui fut en sélection officielle au Festival de Cannes la même année, et dont le texte est paru chez l'Arche éditeur l'année suivante. En parallèle de ses activités cinématographiques et théâtrales, il a écrit une trentaine de poèmes non encore publiés. Présent dans le n° 86 de Lichen.
Une grandeur éloquente qui suscite l'envie d'en lire davantage. Merci donc.
RépondreSupprimerUn poème très réussi. J'ai particulièrement apprécié la formulation "Du faisceau de soupçons rassemblés sur sa nuque", très visuelle.
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