Gaël Guillarme


À temps perdu je ne fais que vivre
ma mort par avancement d’hoirie
Le sommeil n’ouvre plus son courrier
et ce n’est pas la carte du tendre
qu’imprime sur la joue l’oreiller
Mes vêtements sont lourds d’une eau
noire quand je rouvre les yeux
Une vaisselle sale de femmes
et d’hommes figés dans la graisse
s’entasse derrière les paupières
Dans l’angle une bibliothèque
prend les mesures de mon corps
Une étoile nidifie dans la plaie
et distille au condamné l’oubli
dans le tout petit verre de l’infini
Concession à perpétuité dans le givre
d’une vitre où pend mollement l’ennui









Né en 1974 à Paris, Gaël Guillarme vit à Saintes, où il est professeur de français. Son recueil Nuit vive remous d’étoiles a été édité chez Encres Vives et Un christ de peu de pétales s'apprête à paraître aux éditions du Bout de la rue. Les revues Le Capital des motsHaies VivesComme en poésieCahier de PoésieTraction-BrabantConcerto pour marée et silence ont publié (ou vont le faire) certains de ses poèmes. C'est sa première apparition dans Lichen.

2 commentaires:

  1. Vous avez des choses sombres à écrire et le faites cash & beau, à l'écart de l'attardement sur soi. Tendue par la volonté frontale de voir, une parole qui me plaît beaucoup par sa singularité, son acuité, plante son lucide truchement.

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  2. J'aime beaucoup l’aplomb de ce poème. Une écriture à la syntaxe assez brute à laquelle les nombreuses images apportent une profonde subtilité.

    Je retiendrai :

    "Le sommeil n’ouvre plus son courrier
    et ce n’est pas la carte du tendre
    qu’imprime sur la joue l’oreiller"

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