Frédéric Abergel

 

 

En passant

 

Monet se voit en passant, sans vraiment regarder, au coin de l’œil le périphérique bien allumé.

Monet se voit en plongeant, emporté par les vagues et les fleurs, les lianes humides et les roseaux glissants.

Monet se voit en marchant sans jamais s’arrêter, en plissant les yeux pour faire apparaître l’infini dans l’œuvre terminée.

Monet se voit en mouvement.

À l’arrêt, Monet disparaît.

 

 

Les craquements, les ossements

 

Les craquements de tes os présage d’ossements

Douleurs insidieuses articulatoires et sévères infiltrées entre joints

Crissements de cartilages aux oreilles saturées d’acouphènes importuns

Le corps est là oui le corps est bien là

S’impose et ne laisse

Ne s’oublie et se rappelle

À toi bien à toi à cris répétés et bruyants

 

 

 

 

 

Frédéric Abergel, enseignant-chercheur en mathématiques, voyage(ait) beaucoup, va souvent visiter les montagnes proches ou lointaines. Son « paradis » personnel est en Grèce. Signe particulier : marche, tout le temps, dans Paris, à la campagne ou ailleurs. Écrit depuis longtemps, publie parfois, poste sur http://gasteropode.org des billets consacrés à la marche et la gourmandise, et sur http://courts-ecrits.org des textes courts et poétiques. Présent dans les n° 68, 69, 70, 76, 77, 78, 79 et 86 de Lichen.

 

 

1 commentaire:

  1. Margueritte Cèdre15 août 2023 à 13:10

    J'aime beaucoup votre façon d'évoquer le corps et ses douleurs.

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