Sortir du confinement en nous obligeant à jouer à la roulette virus !
Aux « gens de rien» des EHPAD, ce court texte, ce grain de poussière, ce rien.
Aux personnes fragiles qui, dans un isolement total, depuis le 29 mars 2020 et jusqu’au 14 avril 2020, ont été mises à mort par décret. Et qui sait si cela n’a pas commencé avant et si cela ne continuera pas après ? Mais comment croire que ces mises à mort seraient dues à un manque de gants, de tests, de pilules à quatre sous, à un manque de matériel de base tellement moins coûteux pourtant que ces instruments qui servent à crever les yeux des manifestants qui voient trop clair dans le jeu de ce pouvoir démoniaque ?
N’y aurait-il pas une autre raison, moins avouable,
tellement plus terrible qu’une incompétence crasse ?
Comment je me suis retrouvé dans cet avion, je n’en sais rien ! C’est arrivé du jour au lendemain. Très vite, j’ai voulu redescendre mais l’appareil avait décollé au milieu d’une grande confusion et d’annonces contradictoires. Maintenant il vole très au-dessus de mes petits nuages.
La destination de ce vol m’est toujours inconnue et cela ravive chaque instant mon angoisse. Autour, les autres captifs n’en savent pas davantage. Sur des écrans partout implantés, qui gangrènent l’espace et la vision, des créatures glissées dans des tenues de belle facture répondent en boucle à des questions qu’apparemment personne ne se pose. Ils occupent le terrain en permanence probablement dans le but de faire ravaler aux reclus les questions présentes sur toutes les lèvres et qui pourraient devenir le point d’union d’une révolte généralisée. C’est ce que je ressens en écoutant les prêches officiels et interminables qui n’éclairent absolument pas la situation, bien au contraire, et dont tous les éléments semblent cousus d’un fil blanc qui nous guide tout droit dans les sillons d’une parabole des aveugles. Isolé, assujetti au rythme d’un compteur de cadavres déclenché chaque jour à heure fixe sur l’ensemble des écrans de cette carlingue subitement muée en lazaret, qui prend alors l’aspect d’une fosse commune, je saisis que ma liberté a été balayée d’un revers de manche en quelques secondes. Il n’aura fallu qu’un bref appui sur un bouton rouge comme un nez de clown et brutalement les herses ont barré toutes les issues. La démocratie ne tenait donc qu’à cela, à un visage télégénique, lisse, sans mèche et sans moustache comme si les poils ne repoussaient pas ! Comment se sortir de là ? Vu la tournure du cauchemar, je crains fort que le seul choix que nous laissent ceux qui mènent cette danse macabre, soit celui de sauter sans parachute ou de mourir sur place.
15 avril 2020.
Poète et auteur de nouvelles, Fabrice Marzuolo a animé la revue L’Autobus (http://autobus.centerblog.net/). Présent dans les n° 1, 3, 4, 30, 31, 32, 34 de Lichen.
Merci pour votre saine colère, votre exergue et votre texte. Les preuves d'un "laissez-partir" mortifère dans les EHPAD s'étalent dans les journaux. Le ministre feint de ne rien savoir des "recommandations" qu'il a pourtant signées. Quant à la démocratie, c'est comme dans cet épisode de Star Wars : elle cède progressivement - un adverbe à la mode - la place à une dictature qui ne dit pas son nom, dans des cris d'allégresse et des hourras. Merci à vous
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