Fabrice Farre


Minute

L'homme qui habite ici est en train de se raser. 
Il a deux visages en un seul. 
De ce côté, la lumière noie le rasoir et la main, 
même si le rayon n'est pas continu ; 
de l'autre, tout laisse à penser que la nuit 
ne parviendra jamais à être aussi épaisse. 
Dans cette pièce qui n'est pas du monde, 
l'homme enfile un costume qu'il brosse 
d'un geste sec pour entrer enfin dehors 
et laisser dedans, à l'intérieur de l'impasse.

Rue

Sous les porches lavés,
le tissu s'imbibe de pluie, 
les visages éclosent, les vestes partout
se remplissent de ceux qui, les yeux
levés au ciel, nous ressemblent.







Fabrice Farre a récemment publié : La figure des choses (Henry), Le chasseur immobile (Le Citron Gare), Ligne (La Porte), N'ai-je (Encres vives) et en 2018 : Mémoires (revue Ce qui reste, avec les peintures d'Anne Slacik), Partout ailleurs (p.i.sage intérieur éditeur) et Inflexion (Rafaël de Surtis). Ses textes sont présents dans plus de cent revues, en France et à l'étranger. Son blog : « Poésie contemporaine... peut-être » (http://biendesmotsencore.blogspot.fr/). Présent dans les n° 4, 16, 17 et 33 de Lichen. Ce poème est extrait du recueil À la ville.

2 commentaires:

  1. Ils sont visuels, et beaux, ces passants;

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  2. on s'en va avec sous le bras les tréteaux de ce theâtre d'ombre . C'est plein d'intrigue . Bravo

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