Pour Leonard Cohen
Parler ou bien se taire
mais ne mettre jamais le point final
(Petr Král)
Quelle ancolie – rumeur – incise à l’intérieur
Que tu ne sus conforter
Car le chemin fut long sur des rivages dont
j’aimais me dire que tu les avais aussi
contemplés
Depuis mes dix-sept ans où sombrait en moi l’enfance
Dans des ténèbres ruineuses, Leonard
Maintenant que les gémissements se sont tus
d’autres reviennent
Comme par volonté de vivre post forces innocentes
Je frissonne toujours de vivre à l’envers
Et tu sais il y a cette femme à mes côtés depuis vingt ans
Elle aussi est comme moi
L’arroi est plus léger à deux
Je n’ai aimé rien au monde comme la tristesse sauvée
Je fus si seul dans ma province intérieure
Puis à Paris
Mais aussi dans les îles grecques
Et à Amsterdam
Tes chansons renforçaient le sublime de tes douleurs fermées
Ah persister à vivre dans l’angle
En vain les cloches sonnaient au ciel que je ne prenais pas pour les cieux
En vain les corps des femmes biffaient l’ombre du mien
Leonard, je pense à toi dans le petit matin qui se repent
Ou est-ce moi
Mes péchés ne sont plus remis pour ce que je suis
Sauvé par une femme, le futur n’est plus un meurtre
Reviens te cramponner au désir que nous avons de tes mots
Ne te perds pas en chemin – là-bas, peut-être que ça vaut le coup
De donner à ses larmes terrestres le poids du monde passé
Continue de t’attarder avec ce qui est de passage
Et que le passage ne te retarde pas où tu es attendu.
Fabien Sanchez, romancier, nouvelliste et poète, est né en 1972 à Montpellier, où il vit toujours. Pour lui, « écrire consiste à recoller les morceaux devant l’énigme de ce qui s’est cassé ». Il a, à ce jour, publié trois recueils de nouvelles, deux romans et deux recueils de poèmes aux éditions La Dragonne, Les carnets du dessert de lune et Al Manar et un troisième recueil de poèmes est prévu aux éditions Tarmac. Présent dans les n° 30, 31, 32, 48, 59 et 60 de Lichen.
Et sur la fin sa belle voix grave et poétique chantait encore
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