Fabien Sanchez

 

Pour Leonard Cohen

 

Parler ou bien se taire
mais ne mettre jamais le point final

(Petr Král)

 

 

Quelle ancolie – rumeur – incise à l’intérieur

Que tu ne sus conforter 

Car le chemin fut long sur des rivages dont 

j’aimais me dire que tu les avais aussi 

contemplés

Depuis mes dix-sept ans où sombrait en moi l’enfance

Dans des ténèbres ruineuses, Leonard 

Maintenant que les gémissements se sont tus

d’autres reviennent

Comme par volonté de vivre post forces innocentes

Je frissonne toujours de vivre à l’envers

Et tu sais il y a cette femme à mes côtés depuis vingt ans

Elle aussi est comme moi

L’arroi est plus léger à deux

Je n’ai aimé rien au monde comme la tristesse sauvée

Je fus si seul dans ma province intérieure

Puis à Paris

Mais aussi dans les îles grecques

Et à Amsterdam

Tes chansons renforçaient le sublime de tes douleurs fermées

Ah persister à vivre dans l’angle 

En vain les cloches sonnaient au ciel que je ne prenais pas pour les cieux

En vain les corps des femmes biffaient l’ombre du mien

Leonard, je pense à toi dans le petit matin qui se repent

Ou est-ce moi

Mes péchés ne sont plus remis pour ce que je suis

Sauvé par une femme, le futur n’est plus un meurtre

Reviens te cramponner au désir que nous avons de tes mots

Ne te perds pas en chemin – là-bas, peut-être que ça vaut le coup 

De donner à ses larmes terrestres le poids du monde passé

Continue de t’attarder avec ce qui est de passage

Et que le passage ne te retarde pas où tu es attendu.

 





Fabien Sanchez, romancier, nouvelliste et poète, est né en 1972 à Montpellier, où il vit toujours. Pour lui, « écrire consiste à recoller les morceaux devant l’énigme de ce qui s’est cassé ». Il a, à ce jour, publié trois recueils de nouvelles, deux romans et deux recueils de poèmes aux éditions La Dragonne, Les carnets du dessert de lune et Al Manar et un troisième recueil de poèmes est prévu aux éditions Tarmac. Présent dans les n° 30, 31, 32, 48, 59 et 60 de Lichen.

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