Espèces en voie de disparition


Dominique Mans, poète clermontois, nous adresse, de Volos (port de Thessalie où il réside en ce moment), quelques mots qui lui « sont venus de ces expressions souvent locales qu'on n'entend plus guère : vogue (c'est la vogue, la fête), bâche (tirer une bâche, se prendre un bâche, rougir, avoir honte), bath (c'est bath, c'est drôlement bien) ». 


Courir la prétentaine (par Sylvie Franceus).  

Le voisin était encore parti courir la prétentaine et sa femme, lassée et furieuse, criait à la fenêtre à qui le lui prendrait définitivement.
En effet, Jacquot (notre voisin se prénommait ainsi) était un fameux coureur de jupons et on peut dire que l’expression « courir la prétentaine » lui allait à merveille.
Jacquot était un séducteur assidu. Il papillonnait sans même savoir que la prétentaine ne s’emploie qu’avec le verbe courir et c’est ainsi depuis le XVIIesiècle. Au début, il était surtout question, dans ce vocabulaire, de simples allées et venues (sortes de déambulations) puis apparut le fait d’avoir des aventures galantes, de-ci de-là, à droite à gauche.
Si on cherche un peu, on comprend que la prétentaine viendrait du vieux normand : pertintaille qui serait un ornement de robe et le suffixe « taine » pourrait rappeler le refrain des chansons ou des comptines avec « dondaine » et « tontaine ».
Peu regardant, Jacquot courait aussi la gueuse et le guilledou ce qui n’était pas fait pour calmer sa Germaine, peu encline à supporter encore les frasques de son époux surentraîné. 


Décours (par Perle Vallens)

Décours (n., m.) : décroissement de la lune  ; le temps qui s'écoule de la pleine lune à la nouvelle. « C'est un préjugé dans les campagnes qu'il y a des plantes qu'il faut semer ou cueillir, les unes pendant le croissant, les autres pendant le décours de la lune. »  
« Il y a de petits dieux qui font descendre la lune dans le décours» (Voltaire, Dial. XV, 4).  
Le mot s'emploie également pour désigner le déclin d'une maladie. On utilise encore en science le concept de décours temporel : laps de temps entre une cause et son effet.
En voici une interprétation poétique, toute personnelle :
Je décompte le long fleuve
le lent décours de mes heures

creuses du vide de la nuit
perdues jusqu'à l'aube
au premier point du jour



1 commentaire:

  1. ERIC CUISSARD1 mai 2019 à 09:03

    Je vois la rubrique bien partie maintenant . Merci les filles, le gars. Un bravo particulier à Sylvie pour ses mises en scène et à Perle pour sa documentation illustrée.

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