Éric Cuissard

 

Kelvin

 

Le refroidissement était très net depuis une dizaine d'années, pourtant tout le monde fut surpris par la neige le matin du premier mai. Il faut dire qu'une vague de chaleur inhabituelle recouvrait le pays depuis quinze jours.

Le dernier coup de soleil avant la grande période glacée.

Maintenant nous étions fin juin. Le thermomètre avait baissé chaque nuit d'un degré pour atteindre moins soixante.

Chacun restait calfeutré chez lui, sauf ces hommes en tenues spéciales qui arpentaient les rues depuis le premier mai.

Par téléphone un ami m'avait laissé entendre que ces hommes étaient arrivés avant le froid.

Depuis le téléphone avait été coupé.

Je n'avais pas prêté attention à l'information, mais me remémorant maintenant la conversation, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'il y avait dans la voix de mon ami quelque chose de grave signifiant une relation entre le froid et les hommes en tenues spéciales.

 

 



Habitant à Reims, Éric Cuissard publie poèmes et des récits courts en revue, depuis une quarantaine d'années : Sol'Air (Nantes), Rétroviseur (Lille) — disparues aujourd'hui —, Friches (Haute-Vienne), Inédit Nouveau (Belgique) et Phooo (Calcutta). Trois recueils publiés : Sténopé (Sol'Air), Angles des Cris Purs (Books on Demand) et Le Résident des Interstices (Sajat). Présent dans les n° 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 20, 21, 23, 24, 26, 28, 29, 30, 33, 34, 39, 43, 50, 51, 58 et 60 de Lichen.

 

1 commentaire:

  1. Ta fluidité narrative convient à l'évocation de l'emprise progressive et comme subreptice du nouveau climat

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