Par Nadège Cheref
Parviz Lak
J’ai croisé Parviz brièvement au Festival des Voix Vives à Sète en juillet dernier, nous avons participé à des lectures de poésie le même jour.
Dans les jours qui ont suivi, j’ai eu envie de découvrir ses créations poétiques et j’ai été charmée par ses poèmes d’une grande beauté. Je l’ai donc contacté et lui ai demandé s’il était d’accord pour un entretien dans Lichen et il a tout de suite accepté. Je le remercie chaleureusement pour sa gentillesse, son humilité et sa générosité.
Présentation (qui m’a été communiquée par l’auteur)
Parviz Lak est poète, metteur en scène de théâtre et artiste plasticien. Il est né dans le sud de l’Iran et vit en France depuis 1982. Il participe, depuis, à des soirées de poésie consacrées aux poètes de son pays. Lors de chacune de ces soirées, Parviz Lak met son talent d’homme de théâtre et sa sensibilté de poète au service des mots et de l’énergie qui s’en dégage. Il nous invite ainsi, de façon originale et personnelle, à découvrir ses œuvres ainsi que celles des poètes classiques ou contemporains : Hafez, Rumi, Khayyâm, Shamlou, Nima et Farrakhzad.
Sa poésie est le reflet d’une profonde douleur de vivre dans une époque qu’il nomme « le siècle corrompu ». Cette douleur est éclairée par l’espoir, celui du retour de l’homme vers la liberté, l’amour et la beauté.
Photo de M. Môssazadeh
Entretien
Lichen : Bonjour Parviz, je tiens à te remercier d’avoir accepté de m’accorder ce bref entretien et de nous faire découvrir ton univers poétique. J’ai apprécié de suite ta simplicité, ton ouverture d’esprit et ta gentillesse. Dans un premier temps, j’aimerais savoir si ton désir d’écrire de la poésie est né de la douleur de l’exil ou avait-il déjà pris naissance, il y a longtemps, lorsque tu vivais en Iran ?
Parviz Lak : Mes premières tentatives d’exprimer mes pensées en poèmes remontent aux années de mes vingt ans, j’habitais encore dans le sud de l’Iran. Même si l’exil a pu changer certains thèmes de mes poèmes, j’écris toujours dans ma langue maternelle, le persan.
L. : On pourrait dire que la Perse (aujourd’hui l’Iran) est le berceau de la poésie. Est-ce que le peuple iranien est toujours imprégné de cette poésie, est-ce qu’il s’en nourrit ? Y a-t-il toujours cet intérêt pour la création poétique ?
P. L. : Pour les Iraniens, la poésie fait partie de leur vie quotidienne depuis le VIIe siècle. Les plus grands poètes persans comme Rûmi, Omar Khayyâm et Hâfez sont les maîtres majeurs des pensées du peuple iranien.
L. : Quel serait pour toi la place et le rôle d’un poète dans notre société ?
P. L. : Pour moi, le rôle d’un poète ne reste que de défendre la liberté, l’amour et la beauté surtout dans l’époque où nous vivons.
L. : Que ressens-tu quand tu as terminé l’écriture d’un poème ?
P. L. : Un poème écrit, c’est comme un enfant qui naît, le poète donne quelque chose de lui même en ajoutant des images et des pensées.
L. : Quels sont les poètes, iraniens ou non, qui t’ont influencé ou inspiré et pourquoi ?
P. L. : Parmi les plus grands poètes iraniens, celui qui a influencé mes pensées poétiques est aucun doute Hâfez pour son immensité de pensées humanistes et sa capacité de créer des images. Parmi les poètes français, c’est René Char, pour les mêmes raisons.
L. : Pour finir, j’aimerais te demander quelle serait ta définition de la poésie ?
P. L. : La poésie, c’est l’art de rendre visible ce qui est invisible au regard de tous.
Quelques poèmes de Parviz Lak traduits du persan :
1)
Pour toi, j’ai bâti
Un ombrage
De mémoire
Et de souvenirs
Que tu viennes
Et que je l’ouvre
Au-dessus de ta tête
Un ombrage de mots
Les mots
Les mots
En présence étrange du silence
Un ombrage de pluie
En présence étrange du soleil
Un ombrage d’étoiles
En présence familière de la lune
Un ombrage d’attente
Attente
Attente
Que tu viennes !
2)
Ni dieu
Ni religion
Ni tradition
Ni morale
Seuls l’amour et moi
3)
Un chant inopportun
Désordre de la pensée
La danse d’un hibou aux couleurs des souvenirs
Le désir d’une mort en automne
Confier un message au vent
Un chant anonyme à la fenêtre
Le gel des règles de l’épanouissement de la nature
Passage d’une lueur par le sas de l’illusion
Vivre en silence
Renaissance du temps
Nudité
Noirceur
Silence
Voyage au pays des ténèbres
Pluie de feuilles de pierre en automne
Chute d’un oiseau aux ailes ensanglantées
Penser à rien
Aimer en tombeau
La danse étrange de la mort au cimetière
Vivre en silence
Renaissance du temps
Nudité
Noirceur
Silence
Le chant de l’essor du doute
La cité sans citadins
Des citadins sans cités
La réfraction de la lumière dans le noir
La mort du mot en rêve
Pleurer sur le toit de la misère
L’attente de la mort en automne
Vivre en silence
Renaissance du temps
Nudité
Noirceur
Silence
Photo Diego Delso
Pour découvrir davantage Parviz Lak :
http://parvizlak.blogspot.com/p/a-propo.html
https://www.youtube.com/watch?v=Wx68BQ1HpTM
https://www.youtube.com/watch?v=c8r0rZGgDq8
Chère Nadège Cher Parviz merci à l'une de transmettre cette voix à l'autre d'être ce qu'il est un poète selon mon cœur. Bien amicalement. B
RépondreSupprimerMerci Béatrice. Nadège
SupprimerMerci Nadège pour ce numéro, pour tous ces poèmes qui aident à vivre...
RépondreSupprimerMerci beaucoup. Nadège
SupprimerMerci à vous. Nadège
SupprimerHeureuse initiative que cette nouvelle rubrique de rencontre avec un poète. Elle ouvre et enrichit la revue. Merci Nadège !
RépondreSupprimerParviz Lak est un poète vrai et entier ! Bel hommage dans votre blog.
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