Critique

de Mahé Boissel

 

La chair équivoque, Nadège Cheref, éditions Tarmac 2025




Une femme passionnée habite la poète Nadège Cheref . Voyez comme elle peut haïr ; voyez combien elle peut aimer l’homme dont elle nous parle depuis sa place d’amante en souffrance Imagine ,lecteur , combien pourrait être aimé le promeneur attentif qui croiserait sa route d’errante et saurait s’émouvoir du somptueux lamento de
la poésie de cette femme là.

Cette écriture poétique est nue ,violente ,ardente ,impudique et chaste à la fois ; elle parle VRAI.Les images entretiennent un dialogue intime avec le cosmos ,l’écriture est ample , fluide par moments , heurtée à d’autres, tourbillonnante elle nous emporte dans son chant elle nous transporte aux temps premiers de la genèse- Eve n’en finit pas de rencontrer Adam et le fatum s’abat sur eux repris en sourdine par quelque choeur d’antique tragédie - L’ homme dont l’auteur nous parle - sans rien en dire - celui auquel elle dit « tu » au tout début du texte , puis de temps à autre , cet homme est ensuite vouvoyé et petit à petit transmué en homme universel . Lorsque Nadège Cheref écrit « tu » elle use du « je »: « Où es-tu? Je ferme les yeux J’attrape les mots suaves de ta bouche (.........) Comme on boit l’ambroisie »
Equivoque : qui peut s’interpréter de plusieurs manières ,qui n’est pas clair dit Larousse. Loin d’être équivoque le style sans ambiguïté reste précis ;les images disséquées au scalpel abondantes hâtent la lecture malmènent le lecteur le précipitant dans les remous d’une passion amoureuse tourmentée désirée refusée ; une passion qui n’en finit pas de finir , qui ne veut que vivre Une soif d’amour absolu que rien ne peut étancher Tout amour humain n’est- il pas équivoque ?
Nadège Cheref nous embarque avec elle sous l’orage des sentiments qui la bouleversent nous offrant en partage les affres de sa douleur et la beauté de son chant.




Mahé Boissel vit et travaille à Paris et dans le sud de la France. Elle écrit, dessine et peint chaque jour. Son sujet est l’humain, sous toutes ses formes et coutures et dans tous ses états. Elle se passionne pour les affres et les angoisses, les joies et les tourments de cet être-là, tant dans travail de styliste, de psy que d'artiste. Présente dans les n°HSC, 54, 56, 57, 75, 76, 77, 78, 79, 82, 84, 86, 87,90, 91, 92, 95, 100, 101, 102, 103, 106, 107 et 108 de Lichen.




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