Non-lieu
1.
la ligne se perd dans le désert infini.
2.
de l'autre côté, bien loin d'ici, un homme marche, en équilibre sur le rail. ses souliers sont usés, les lacets sont sortis de leurs trous.
la semelle quitte le rail, s'élève et se repose sans hésiter, quelques centimètres plus loin.
l'homme marche.
il ne risque rien. le train est passé, il y a longtemps. on ne voit plus sa couleur métallique, on n'entend plus le bercement régulier de la machine lancée à toute vitesse.
le prochain train n'est pas encore parti.
3.
suivre la piste. le chemin de fer finira forcément par arriver quelque part.
4.
à cette heure-ci, la gare est déserte. personne dans le hall éclairé. il n'y a que la fille, à moitié nue, sur le panneau publicitaire et l'œil de la caméra de surveillance, fixé sur elle.
j'ai pris mon billet au distributeur automatique. paiement sans contact accepté.
pour monter sur le quai, l'escalier n'en finissait pas d'ajouter des marches et les néons hésitaient entre jour et nuit.
là-haut, personne. Rien d'autre que le reflet du ciel nocturne entre les cailloux de la voie ferrée.
Né à Lyon en 1988, Clément Bollenot a étudié l'histoire et est actuellement professeur des écoles. Il écrit régulièrement de la poésie depuis son adolescence. Il été publié par la revue Verso et d'autres textes y sont à paraître. Par ailleurs, il a fondé, avec un ami musicien, le projet artistique Kilda (https://kildaprojet.com/qui-sommes-nous/). Présent dans les n° 13, 14, 15, 18, 19, 24, 25, 34 et 37 de Lichen.
Amoureux des gares et bien d'autres matériels ferroviaires, j'aime beaucoup cette lucidité froide mais au fond d'un d'humanisme inoxydable
RépondreSupprimerMerci pour votre retour. J'aime beaucoup ces endroits, notamment ceux abandonnés...
SupprimerQuelle ambiance ! *****
RépondreSupprimerMerci Colette, ravi que ça te plaise ! :)
SupprimerJ'aime beaucoup ces fragments de poésie désenchantée, on marche dans vos pas.
RépondreSupprimerMerci Nadine pour ce commentaire. Si vous avez envie de poursuivre la promenade, faites signe ! :)
SupprimerTatactatoum...
RépondreSupprimerLe bruit d'un écho familier... Merci pour ta lecture Samantha !
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