Ar-Men
mer d'Iroise
l'océan se révolte
contre ce feu qui brûle là-haut quand
il fait
nuit
cet éclat qui défie les tempêtes
à trente-trois mètres au-dessus
des flots
les Hommes
doivent rendre ce rocher noir et
visqueux
ce rocher sur lequel ils ont
construit un brasier
un mur d'eau décidé
se jette sur les pierres noires
et blanches du phare
Ar-Men
vacille de son piédestal
l'onde du choc
se répand le long de l'édifice
les vitres tremblent
sur la table la bouteille se
renverse
et s'en va se briser sur le sol
tout entier le bâtiment gémit
encaisse la violence d'un second
assaut
dehors
le vent hurle et se mêle au
combat
les algues gluantes s'agrippent
rêvent
de reprendre leur bien
rien n'y fait
il est toujours là
debout au milieu de nulle part
l'avoir à l'usure
faire de cet endroit
l'enfer des enfers
Né à Lyon en 1988, Clément Bollenot a étudié
l'histoire et est actuellement professeur des écoles. Il écrit
régulièrement de la poésie depuis son adolescence. Il été publié par la revue Verso (no 166 et 167) et d'autres textes y sont
à paraître. Par ailleurs, il a fondé, avec un ami
musicien, le projet artistique Kilda (https://kildaprojet.com/qui-sommes-nous/). Présent dans les n° 13, 14, 15, 18, 19 de Lichen.
J'ai lu Armen de Jean-Pierre Abraham; c'est bien l'ambiance de ce poème. Moi aussi, les phares me font rêver... comme une algue.
RépondreSupprimerMerci pour votre message. J'ai lu le livre dont vous parlez et c'est un peu cette lecture qui m'a donné envie d'écrire ce texte.
Supprimer