La jetée
Qui dira l’étrange beauté d’une jetée ? Devant ce fragile édifice qui s’avance sur quelques longueurs dans la mer, on reste admiratif. Avec ses formes fières et ses piliers obliques en bois massif, souvent grisâtres ou ternes, elle semble défier les flots. On dirait une allée en suspens, une ruelle étroite, mais ici pas de détour possible, c’est la rectitude géométrique qui s’impose.
Dès qu’on s’engage sur ses planches disjointes, on sent sur le bout de nos lèvres comme une amertume salée. Et en progressant sur cette estacade,sous nos pas, on devinela mer murmurer, gronder et respirer.
Sur ce pont inachevé, immanquablement, au bout de son enfilade, on bute sur l’océan. On s’accoude alors volontiers et on reste songeur devant l’immensité.
J’aime l’idée de la jetée. On dirait un embarcadère inutile. On y flâne à nos heures perdues. Pourtant, à sa façon et bien modestement, elle dit notre vanité, nos rêveries et notre volonté entêtée.
Charles Duttine enseigne les lettres et la philosophie. Son engagement dans l’écriture est récent et il a fait le choix de textes courts ou encore du genre de la nouvelle. Il participe à quelques revues ou sites en ligne (L’Ampoule, Pastiches.net, la Gazette de la lucarne des écrivains, Bloganozart, Souffles, Autour du court, La Cause Littéraire…). Il est l’auteur de deux recueils de nouvelles Folklore (La P’tite Hélène) et Au regard des bêtes (Z4). Présent dans les n° 23, 28, 29 et 34 de Lichen.
Bonjour Charles, l'entêtement a la saveur iodée des jours tranquilles et des horizons si proches qu'on pourrait les toucher, si on voulait. J'aime vous lire toujours et imagine, entends, le chant de la mouette qui parasole la jetée de vos océans. Merci Charles. Sylvie
RépondreSupprimerCe "petit poème en prose" me plaît finement, car est fine sa façon, à mots choisis, à phrases avancées vers une rêverie spatiale à laquelle, oui, on aime s'accouder.
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