Carte postale

 

par Gabriel Meunier


 


les passants

 

à vous passants inconnus

depuis cent ans vous ne savez plus

ce jour-là vos deux ombres étaient figées

plus légères que les pierres l'eau et la ferraille 

 

vous alliez

d'une rive à l'autre

d'un monde à l'autre

passants devisant de concert

 

les pêcheurs pouvaient pêcher

les mariniers pouvaient bien s'amarrer

les enfants pouvaient bien rire et plonger dans l'eau

de quoi parliez-vous si sérieusement pour marcher de la sorte ?

 

passe encore

passent les jours

passent nos peines 

vous étiez bien compassés

 

deux ombres

qui passent et s'en vont 

retournent au pays des ombres

mais nous envoient une carte postale

 

 





« Certains photographes sont tombés dans le révélateur à la naissance ; d’autres ont reçu un appareil numérique pour la fête des pères. Mais pas d'image sans écrit », écrit Gabriel Meunier. Trace, frontière, rêves sont ses sujets de prédilection. Présent dans les n° 44 et 56 de Lichen.

1 commentaire:

  1. J'adore ce qui suggère la fugacité du temps, des personnes croisées sur notre chemin de vie et s'en vont, sans même savoir que nous étions là,à les regarder, si importants à nos yeux à cet instant précis.

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