Camille Ruiz


proie

 

seul moyen d'apprendre le vaste

se retenir de toucher  ­— conserver

toujours un noyau de peur.

la mienne même dormante

me protège. je cours vite

à travers les arbres, le ciel

me brille dessus. la peur

est ronde comme une perle

scellée autour de mon cou.

sur le chemin hors du lac

le chien contre ma jambe

les urubus nous regardent. 

 

même les oiseaux le savent

que je vais perdre ma peur.

 

°

 

signal

 

c’est très simple, tout d’abord sculpte 

un signal au centre d’une luciole.

ne la laisse pas s’éteindre. 

 

puis enterre l’aiguille, rince la poudre

qui brille sur tes mains. c’est facile

tu vois, tu ne pleures même pas

quand la lumière s’éloigne. 

 





 

Née en 1991, Camille Ruiz a grandi dans la Drôme, vit entre le Brésil et la France, aime la lumière du sud et les (très) gros chiens. Elle écrit des textes, des journaux, des chansons, de la musique... Visiter : https://camilleruiz.wordpress.com. C'est sa première apparition dans Lichen.

  

1 commentaire:

  1. Est-ce le candomblé brésilien qui marque vos textes? Ou bien les sorcières de la Drome qui ont leur jardin. En tous les cas: "La peur est ronde comme une perle" ça me noue la gorge immédiatement. Finalement il serait dommage que vous la perdiez.

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