Texture du monde
N'y a t-il d'autre manière de regarder le monde qu'à la surface des reflets ?
D'autre condition qu'en patiner les apparences, faire images et décors, accumuler les signes
Dévorés par les yeux magiques, capteurs de nos lumières fugaces ?
Ne peut-on briser ce miroir, pénétrer la matière, trouver les voies du noir,
des entrées de labyrinthe, pour habiter l'intérieur, comme le font tous les insectes,
vivants des entrelacs caverneux, des accumulations nourricières ?
On s’enfoncerait dans la création, avec le secret désir d'y paraître et disparaître
jouant la lune entre les nuages.
Entre la surface des choses et la profondeur des textures, deux humanités,
passagers de la lumière et infiltrés de l'ombre.
Ceux là, si peu nombreux, et tentés de muter.
Le demi-siècle écoulé avait un an quand Bruno Bartholomé, alias BMB, vit le jour dans un foyer tapissé de livres. Il a fait éditer en 2016, à compte d’auteur, un premier recueil de poèmes illustré de photographies originales, L’habit troué de rêves. L'un des poèmes de son second recueil, Des mots sillons, a été publié dans la revue Décharge (n° 178, 2018). Présent dans les n° 39, 40, 41, 44 et 45 de Lichen.
Mais oui, tout est possible. La poésie habite la texture du monde.
RépondreSupprimerComme la texture du lichen,de l'écorce des arbres, celle des roches,du sable ou de la terre,la poésie du toucher est effectivement là.
RépondreSupprimerLe reflet des reflets
RépondreSupprimerQui porte
Qui emporte leur portée
Délectation des apparences
du flou
du trouble
de l'insensé
du mouvoir
Pour mieux s'émouvoir
Quand tout et tous
prennent signes
Cherchant incessamment
La douce façon de chercher sa place
A travers les émois du monde
Le fantasmatique des yeux
Tendre pudeur fanatique
De ses lugubres et ténébreux
De la fugacité des lumières
Tant tôt éblouissante
aveuglante
Tant tôt éteinte
effrayante
Le reflet n'a t-il pas déjà brisé ce miroir
La matière pénétrante
Ne s'y est elle pas propagée
dans toute son abondance
Rendant l'influence de la couleur trouvée
Toujours aussi sombre
Impossible de trouver un chemin
Le créer en reste impossible
Habiter son propre état intérieur
Fusionner avec ses propres détériorations
la rendant impudique
Sublimer les noeuds
Les miens
Fermer les yeux
et admirer la couleur du voile
en noircir encore plus la nuance
S'en nourrir
dans la non retenue
S'enfermer
à l'intérieur de la créativité
S'y cacher profondément
Au delà des tourments et des tempêtes
S'y accommoder
Jouer de sa disparité
Oublier son paraître
Sa non apparence
Pour n'être que volatile
Ressentir cette légèreté
infâme
Choisir entre Etre
Surface ou profondeur
Entre textuaire et textuelle
Se sentir comme être plusieurs
Fabriquer sa réalité fausse
Se contenir de sa propre luminosité
A travers le grondement de la noirceur incontenante
Faire de sa tentation
de cette métaphore
La plus belle de mes abîmes