Bruno Bartholomé

 

Laisse

 

Cette année qui nous saisit

Égrène des aubes froides

Il n'y a plus de mots

Pour un sapin chétif

 

Dans le sac de plastique 

Qui tente de le contenir 

Abandonné dans l'arène 

Place de la République

 

C'est un squelette déplumé gris

du renoncement à être vert

Encore droit mais tellement figé

Qu'on ne saurait le ranimer

 

Eut-il dans l'humus sylvestre

Des débuts de jeune premier 

Fut-il fauché très vite

Supplicié de la javelle

 

Un temps transfiguré 

Et maintenant gisant là

Relief de la fête qui a passé 

Informe voué à l'invisible

 

Abandonné par son nom même 

C'est pourtant une présence 

Comme le SDF en sommeil

Se peut-il que l’onguent des mots 

Le délivre d’une fin au brasier

 

 

 



Le demi-siècle écoulé avait un an quand Bruno Bartholomé (alias BMB)  vit le jour dans un foyer tapissé de livres. Il a fait éditer en 2016, à compte d’auteur, un premier recueil de poèmes illustré de photographies originales, L’habit troué de rêves. L'un des poèmes de son second recueil, Des mots sillons, a été publié dans la revue Décharge (n° 178, 2018). Présent dans les n° 39, 40, 41, 44, 45 et 46 de Lichen.

1 commentaire:

  1. Un poème sur une fin d'année avec ses fêtes bien gâchée il est vrai, et le rapprochement avec le sapin de Noël est bien trouvé dans le poème. Mais l'avantage avec le sapin de Noël, c'est que comme l'espoir il finit toujours par renaître.

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