C’était l’arbre
C’était la forêt
C’était le bruit du silence
La mousse –
Non,
C’étaient les racines
La sève
La terre craquelée
L’errance de la feuille au vent.
Je marchais nue
Il faisait froid
Mes pieds embrassaient la neige sucrée et les recoins de glace
La rivière n’était pas gelée et continuait son chemin d’argent
Il y avait du bruit dans les branches
La blancheur étincelait
C’était le matin –
Je crois –
Je tremblais
Mes mains caressaient l’écorce et l’eau
Mon ventre palpitait des frissons de l’hiver
Mes bras enveloppaient la Nature toute entière.
Au creux d’un tronc
Je devins l’arbre
Je devins la forêt
Le bruit du silence
La mousse –
C’était dans un nœud
Un nœud qui séparait les pages blanches –
J’étais corps de glace
Flocon de neige étoilé
Et ce n’était plus l’errance,
C’était être la terre
Être vraiment poussière –
Poussière de terre –
Goutte d’eau cristallisée
La Nature était belle et dévorante
– J’étais la Nature –
Brune Sapin a 32 ans, et ne s'est décidée à consacrer sa vie à l'Écriture que depuis deux ans. Ça lui trottait en tête depuis la publication de son premier roman Il a beau pleuvoir, le soleil n'est jamais mouillé (Chloé des Lys, 2017) — alors, assez erré, elle a osé. Elle a terminé un recueil l'année dernière (pour l'instant inédit) et recherche avec ardeur, et travaille jusqu'à la torpeur, l'Écriture qui pourrait devenir la sienne — si elle la trouve — ce dont elle doute - mais avec le sourire grâce à des animateurs d'ateliers d'écriture formidables qui la poussent à expérimenter page après page. Elle tiendra. Présente dans le n° 64 de Lichen.
En résonance avec votre texte: HARMONIE.Soudain/Parmi cette orgie de verdure/ Se disciplinant/Les grands arbres m'invitèrent à descendre/Tel le prince des lieux /De féériques Champs Élysées./Mes pieds nus s'enfonçaient dans la mousse/D'où jaillissaient de minuscules fleurs inconnues./Combien de temps a t-il fallu au compositeur de cette fantaisie/Pour obtenir cet accord parfait/ Faisant qu'aucun de mes pas ne touche les petites fleurs.
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