Après ?
Nous sommes après.
Nous sommes après tous les âges qui ont parcouru l’univers.
Nous sommes après tous les combats, au-delà de toutes les victoires et de toutes les défaites.
Nous sommes après l’Humanité, après les angoisses, après les doutes qui ont pu la traverser.
Nous sommes à la fois au-dessus et au-dessous des marées de l’océan, au-dessus et au-dessous des éléments qui se sont déchainés.
Nous sommes après la Terre, après les flammes, après l’Éternité.
Nous sommes après la Vie que nous pensions seule Réalité palpable.
Regarde ce givre mon enfant, regarde le froid.
C’est le froid d’après.
Nous ne sommes plus personne, nous sommes l’Existence.
Nous sommes ce qui reste et restera.
Nous sommes après les nuits étoilées – la Lune est un bien beau souvenir.
Tout ce qu’il y avait à supporter nous l’avons enduré.
Nous sommes après – bien après – le Temps.
Tout s’est dissout, et nous aussi.
Nous sommes dans la négation – nous sommes Négation.
Mon enfant,
Cours dans les champs enneigés, cours dans les cristaux, cours, il ne fait pas chaud.
Nous sommes après la chaleur.
Nous devons oublier de compter,
Nous devons annuler le passé qui peut ne pas avoir existé.
Nous devons aimer.
N’être plus rien qu’un émerveillement d’amour qui s’illumine et transcende le connu et l’inconnaissable.
Nous sommes après toute certitude, toute connaissance, toute science –
Toute trace.
Les seules traces que nous laisserons seront balayées par la poussière…»
Oui, après, plus rien n’a d’importance – et on peut s’endormir dans les nuages, on peut s’abreuver dans les rivières de diamants, on peut se consumer pour irradier les cieux. On peut traverser l’espace. On peut écarter tous les murs – après.
On devient Liberté.
Brune Sapin a 32 ans, et ne s'est décidée à consacrer sa vie à l'Écriture que depuis deux ans. Ça lui trottait en tête depuis la publication de son premier roman Il a beau pleuvoir, le soleil n'est jamais mouillé (Chloé des Lys, 2017) — alors, assez erré, elle a osé. Elle a terminé un recueil l'année dernière (pour l'instant inédit) et recherche avec ardeur, et travaille jusqu'à la torpeur, l'Écriture qui pourrait devenir la sienne — si elle la trouve — ce dont elle doute - mais avec le sourire grâce à des animateurs d'ateliers d'écriture formidables qui la poussent à expérimenter page après page. Elle tiendra. C'est sa première apparition dans Lichen.
Votre appréhension de l'univers (appréhension pris dans les deux sens) vous autorise à envisager de trouver votre Écriture. Je pense qu'elle est déjà là. Si les ateliers d'écriture vous écoutent tant mieux. Pour ma part, je ne pense pas que l'écriture s'enseigne. "À l'école de la poésie on n'apprend pas, on se bat!" Léo Ferré.
RépondreSupprimerMon intérêt, ma sympathie.
Merci beaucoup Eric pour votre retour.
SupprimerEn effet, l'écriture ne s'enseigne sûrement pas, ou mal. Mais elle peut avoir besoin d'un cadre pour ne pas déborder trop loin. Ou être collée trop près. C'est ce que m'apportent les ateliers, par les propositions et le partage.
Mais l'écriture peut aussi bouder ces moments-là.
Elle reste de nature très solitaire.
Entre les deux - à-côté - je bataille (et avec hargne si Léo Ferré peut me l'insuffler !).
Avec rougissements de timidité.