Le temps des cerises
Que sais-tu de ma douleur muette et lente
Qui s'est tant de fois bercée au rythme des branches
Des balançoires cerises que sur l'arbre aux lèvres l'on porte
Que sais-tu de la main brutalement lâchée
Au bord du précipice un matin de printemps
À l'heure où dans les boisdoit fleurir le muguet
Que sais-tu de l'enfance chétive aux pieds nus
Des chemins de poussière du froid et de la neige
De l'étable désormais vide des lits désertés
Que sais-tu de l'âpreté des livres absents
Cinglantes morsures absorbant l'eau de la bouche
Dans la désespérance du geste non pensé
Une vie de paroles adressées n'est pas assez
Pour tenter de nommer l'inépuisable de l'être
Du fonds des nuits humaines plus noires que la mine
Tu m'avais devinée bien avant que moi-même
Bérénice Shaya vit en Haute-Savoie et travaille aux Hôpitaux Universitaires de Genève. Après des études supérieures de droit à Lyon puis de philosophie à Aix-en-Provence, et une psychanalyse menée pendant 20 ans, elle a repris des études pour devenir infirmière. La lecture la maintient vivante depuis toujours, et l'écriture est venue secrètement, dans la chambre, sans volonté d'être lue mais comme une évidence. C'est sa première apparition dans Lichen.
Belle parole, belle pensée. On aime. Gabriel
RépondreSupprimerMerci d'être sensible à mes écrits cher inconnu...
RépondreSupprimerBelle invocation adressée à l'Autre de la parole. Dans le puits de la désespérance un Appel, un Tu peut parfois répondre. Et c'est, momentanément, la hauteur inespérée du poème, le temps des cerises.
RépondreSupprimerUn temps des cerises révolutionnaire, celui du temps de la révolution intérieure et de la libération de la parole.
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