Vérité (2)
Vérité de chair et de sang voulue sans âme
Elle n’a d’autre pays qu’elle-même
Elle n’a d’autre naissance que la nuit
L’espoir était là-bas dans le rêve du départ
L’ici du présent est sans lendemain
Pareil à hier l’espoir en moins
Pareil à hier mourir est plus certain
La nuit est une meute où confondre son pelage
La nuit est un visage où l’attente s’inverse
Le choix des étoiles, c’est le choix de l’autre
Faune ou fauve, la ville en peau de nuit
Noire vérité
Un khôl amer suit la ride
Sillon pour d’autres
Vœux d’oubli, passes aux portes
Guets des mains, voies d’escale
Nue-vérité
Vers la nuit marche l’heure
Déjà cendres parmi d’autres
Quartiers gras, suint des yeux
Corps battus, proies des murs
Le temps ne soulage pas
Le temps n’apporte rien
Il est une route sans point de chute
Tournant, folle, sur elle-même
Reflet de l’heure, solitude
Le jour se lève, huis-clos des lèvres
Rouge le drap, vierge son regard
Bras replié
Cage des doigts
Dans sa main : sa vérité
Rémoise, Béatrice Pailler a exercé à Reims pendant vingt ans le métier de libraire. Elle se consacre maintenant uniquement à l’écriture en alternant prose et poésie. En 2015, la Société des poètes français récompense du prix « Jean Giono » (prix du manuscrit de prose poétique) son recueil L’heure métisse. Elle a publié à ce jour cinq recueils (le dernier, Sacre, en mai 2019 aux éditions Racine & Icare) et participe aux revues Souffles, Traversées, Décharge, Levure Littéraire, Le Capital des Mots, Les Amis de L’Ardenne, À l’index et Arpa. Présente dans les n° 29, 31, 33, 34, 35, 37, 39, 40, 42, 44, 45, 53, 54, 55, 56, 62, 63 et 66 de Lichen.
Quelle souffrance Béatrice! Puissent ces mots de cendre griffés au sang vous apporter quelques respirations.
RépondreSupprimerAnesthésiés nos regards ne voient plus la souffrance qui loge au coin de nos rues et parfois c'est comme une gifle.....merci Eric. Au plaisir de lire un de vos textes. Béatrice
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