Vérité (1)
Sainteté de l’heure, l’ombre en travesti l’habille sans autre vérité que celle du reflet. Le jour est sans voie, la nuit a ses maux. Silhouettes sur rues, vers l’effacement, la ville sombre.
Fluence et dé-fluence des formes, confluence de corps, être est autre. Chienne-louve, l’heure se farde. Vierge était le jour, rouge est sa fin.
Le ciseau des rues découpe la ville. Les façades se succèdent, jumelles qu’une vitre parfois entame. Les passants traqués du soir remontent leur vie. Artères vides du connu, les enseignes persistent.
La ville, miroir d’elle-même se reflète au caniveau de l’instant. S’inverse la vie. Sur le soir, elle troque le jour pour l’ombre des néons : luciole qu’un regard parfois déchire.
Arènes du vide, le cercle des lampes. Au parterre, la pierre d’une vérité de couteau. Où jamais, les regards ne se croisent. Où jamais, les lèvres ne se touchent.
Sur le vide, la sueur des lampes brûle. Aux devantures, des simulacres font rang. Figures d’une vérité nantie où naitre ne suffit plus, pour exister.
Rémoise, Béatrice Pailler a exercé à Reims pendant vingt ans le métier de libraire. Elle se consacre maintenant uniquement à l’écriture en alternant prose et poésie. En 2015, la Société des poètes français récompense du prix « Jean Giono » (prix du manuscrit de prose poétique) son recueil L’heure métisse. Elle a publié à ce jour cinq recueils (le dernier, Sacre, en mai 2019 aux éditions Racine & Icare) et participe aux revues Souffles, Traversées, Décharge, Levure Littéraire, Le Capital des Mots, Les Amis de L’Ardenne, À l’index et Arpa. Présente dans les n° 29, 31, 33, 34, 35, 37, 39, 40, 42, 44, 45, 53, 54, 55, 56, 62 et 63 de Lichen.
Plein de terribles images ce texte. Je retiendrai: "La ville miroir d'elle même se reflète au caniveau de l'instant".
RépondreSupprimerBonjour Eric, merci, des images scalpels pour une vérité de chair. Bien à vous et au plaisir de vous lire. Béatrice
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