Béatrice Pailler

 

Songer

 

Songer à la lumière, appelant aux persiennes de silence, aux paupières du rêve. L’oiseau qui vient est sa chair, lui seul la connaît. À travers lui la voie des heures. Matin, corps de chant, peau de lumière, au sentier du jour, s’éveille le monde.  

Bruit végétal d’arbres et de vents, bruit vert d’abondance, telle une eau. Ensemencée, la saison ploie forte du don, comblée du fruit. Bruit charnel d’oiseaux et de lumière où le temps s’absente, où le ciel s’invente. Rêverie pour un œil solitaire, au fil d’éternité : le songe du vers.

 

*

 

Sur l’horizon, songer au bleu, agrandi de l’espace, semé du vent. Corps levé, bras en ramure, tel l’arbre, cueillir le ciel. Cerne bleu : le temps, des paupières de nuit, des brumes défaites. Temps bâti du jour au fil du ciel. 

Corps-à-ciel, histoire confondue de l’oiseau et de nous-mêmes unis au cri du bleu. Vienne le chant, bleu d’un murmure, poussière où le vers s’ébroue. Au ciel, usé du temps un fil d’infini.

 

 



Rémoise, Béatrice Pailler a exercé à Reims pendant vingt ans le métier de libraire. Elle se consacre maintenant uniquement à l’écriture en alternant prose et poésie. En 2015, la Société des poètes français récompense du prix « Jean Giono » (prix du manuscrit de prose poétique) son recueil L’heure métisse. Elle a publié à ce jour cinq recueils (le dernier, Sacre, en mai 2019 aux éditions Racine & Icare) et participe aux revues Souffles, Traversées, Décharge, Levure Littéraire, Le Capital des Mots, Les Amis de L’Ardenne, À l’index et ArpaPrésente dans les n° 29, 31, 33, 34, 35, 37, 39, 40, 42, 44, 45, 53, 54, 55, 56, 62, 63, 66 et 67 de Lichen.

4 commentaires:

  1. ERIC CUISSARD2 mai 2022 à 17:31

    Bonjour Béatrice. "Le Chant du Monde"! Songe me donne SONG! Merci.

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    1. Béatrice Pailler5 mai 2022 à 07:09

      Bonjour Eric, merci, oui c'est un Chant. Vous avez deviné juste, Giono est mon auteur de prédilection. Heureuse que vous aimiez. Au plaisir de vous lire

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  2. « corps de chant, peau de lumière » : j’aime. poème, ou plutôt lumière caressante, qui me fait écho.

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    1. Béatrice Pailler5 mai 2022 à 07:11

      Merci Eline, je suis heureuse que votre sensibilité poétique s'accorde à ces poèmes.

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