… Et moi qui n’avais jusque-là jamais été en contact avec les détresses du monde autrement que par un média, on m’apprit subitement que mon pays était en guerre. Qu’un virus malfaisant non hollywoodien déployait son artillerie, ses stratagèmes et ses tactiques avec une ambition planétaire. Ma stupeur fut telle que je lâchai : « Ah bon ?! » puis, sorti de ma méditation, j’osai tout de même mettre à vie un moindre postillon qui commença assez candidement par « mais… »
Nos 500 chars d’assaut, nos blindés, nos démineurs, nos ponts mobiles et flottants, nos quads, nos ravitailleurs, nos lances roquettes multiples, nos TRF1 155, nos mortiers, nos drones, nos hélicos, nos porte-avions, nos rafales et nos mirages, nos frégates, nos sous-marins, le Triomphant, nos 210 essais nucléaires ? Êtes-vous en train de me dire qu’avec tout cet arsenal, ce pognon de dingue, notre système de défense nationale n’a que sa bite et son couteau ? Affirmatif. Bin merde alors ! 20 siècles de guerre, d’abominations, d’Inquisition, d’Absolutisme, de Terreur, de Colonisation, de répression et vous n’êtes pas foutus de faire un sort à un germe qui doit mesurer, quoi ? 130 nm ? Affirmatif. Puis le corps encadrant se fit rigide et à l’image de son foudre étincelant m’a fatalement angulé. À mon tour, je reçus un escadron de postillons.
Vous, les gens de la poésie, n’avez pas à vous plaindre. Vos vers percent n’importe quel imaginaire et rendent n’importe quoi habitable. Sur toutes les surfaces planes, murs, planchers, plafonds, vous tirez des lignes, les faites frissonner et voilà le grand large qui fait flotter la maison. Puis pour ceux d’entre vous qui cherchez plus grand, vous avez vos trous de ver qui sont d’autres éclipses ou d’autres ellipses je confonds toujours… alors laissez passer cette guerre comme on laisse aller la paix et tout ira bien. Tout irait pire à n’en pas douter, inutile de prendre une amende pour l’avoir soupçonné. J’ai donc ravalé ma salive, mes postillons, ma bile et après cela, avalé, réavalé, ré-réavalé, ré-ré-réavalé mon cognac doré et adoré pour tuer le microbe…
°
Enfermé et immobile
Je suis un peu comme l’eau qui dort
Je subis tous les reflets
Mais j’attrape les nuages.
Né « le vingt-deux septembre, aujourd’hui, je m’en fous » et en l’an de la coquette biquette 1979, Asteln vit actuellement à Besançon. Il pérégrine dans les poétiques, affectionne les créations hybrides, et est amateur de poésie chinoise. Contact : asteln.dotrabor@gmail.com. Présent dans lesn° 12, 13, 14, 15, 17, 18, 19, 20, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 31, 33, 34, 35, 36, 37, 42, 43, 44, 45, 46, 47 de Lichen.
Nulles plaintes
RépondreSupprimerQuant à l’horizon
Le vent vient chatouiller
La splendeur des mots pas encore prononcés
pas encore pensés
Nuls lieux
plus précieux
que cet habitat-peau
Celui que l’on puise dans les profondeurs
des extrêmes
Le cri du silence se fait ressentir
Au fin fond de ses champs
Au breuvage divin
Dans la plus douce des pureté
qu’est notre infinité prochaine