Armel Breus




L’âge mûr





Le lac


Il chante au milieu du béton cramé


J’aimerais y jeter mon mégot


Mon âme pleine


Réduire la densité de pourriture stagnante





Je pourrais laisser couler mon amour dans les trente centimètres d’eau croupie






Détour





Je ne vois plus les morts dans leur tombe


Je n’écris plus que les trains vides


Le métal qui chauffe au soleil


Les vieilles pierres qui n’ont pas d’âme


Le mouvement las des bus le jour


La mort de l’eau peut-être




Je ne t’écris plus





Criez,


Que je devienne aveugle














Armel Breus est étudiant en « prépa BL » (hypokhâgne « lettres et sciences sociales ») à Dijon. Il dit avoir commencé à écrire de manière assez instinctive, comme pour jeter des émotions trop puissantes pour lui sur le papier et l'aider à les traverser. C'est sa première apparition dans Lichen.

2 commentaires:

  1. Ce poème me parle, il m'a touchée, en profondeur et plus loin encore je crois.
    "Ce cri" m'ébranle tellement.
    Ce choix des mots: "cramé", "pourriture stagnante", "croupir", "aveugle", sont d'une telle puissance, ses mots qui révèlent au grand jour le réel visage de nos maux intérieur, rendant muet les abîmes, si délicate et semblant être incomprise ou transparente aux yeux de tous.
    Je suis estomaqué et impressionné face à de de telles représentations.un seule mot me vient "c'est magnifique".

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  2. Bonjour, veuillez m'excuser de ma réponse si tardive. Votre commentaire m'a tellement touché que je n'arrivais pas à trouver les mots pour l'exprimer dans un espace comme celui-ci. J'ai toujours écrit seul et je commence à faire lire mes poèmes seulement maintenant. L'idée que l'un de mes poèmes puisse ébranler un lecteur m'affecte énormément et m'aide à croire en ce que j'écris. Merci beaucoup.

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