Alain Lecomte


L’amour m’étrangle

Hermine dans la neige
Son museau luisant
Sorti du terrier

Ou bien un cheval renversé
Nimbé de son souffle

Sa croupe nue

°

Hôtel du Commerce. 
Rue de la montagne Sainte Geneviève. 
j’ai déjà pris, ici, le thé avec des Japonaises calligraphes
et de vieilles Suissesses échappées d’un château de Rilke. 
La dame qui gère virevolte à sa banque,
et rit. Elle rit du matin jusqu’au soir,
et pour cela je lui offre du mimosa.
De la brèche entre ses incisives
s’échappe un vent clair, qui tinte
comme un muguet précoce.
Les escaliers vermoulus craquent et les murs se gondolent.
Cour avec une fontaine moussue,
chambres sans toilettes, douche au premier étage.
Le veilleur de nuit lit les auteurs russes et ne parle
que des vieux films, ceux qui ont encore le tremblé
des vieilles pellicules. Il se rêve en Modigliani,
éperdument aimé de Jeanne Herbuterne.
Il veille sur mon sommeil,
veille sur mes nuits,
comme un bouc tranquille
se lissant le poil.







Alain Lecomte, ancien universitaire, poète et voyageur, partage sa vie entre Grenoble et un petit village de la Drôme provençale. Présent dans le n° 33 de Lichen.

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