Zoom sur le Festival Les Mots du Vent et Flore Iborra


 

 


 

 

 

Présentation (rédigée par le poète)

Flore Iborra, en quelques mots, - au - delà d’ un engagement dans l’audiovisuel et la liberté d’expression -, c’est dans l’enfance, l’arrachement à une terre, un exil sans exil dans la capitale, et plus tard, un mouvement irrépressible vers le silence, la terre rouge, le vent, qui l’a conduite dans les Corbières. Mais toujours et partout, Paris, Marseille, Toulouse, l’Aude, sur les pas de la poésie.
Passion secrète révélée à  partir de 2007 avec plusieurs publications parmi lesquelles, Eros Rhapsodie, la Boussole Mélancolique, Idylles de la Corbière. De belles rencontres avec les poètes de Montpellier et de Sète (Prix Voix d’ici 2018 de la Maison de la poésie Jean Joubert), l’entrée dans la Société des Poètes Français, des lectures partagées avec le public d’Occitanie. Mais aussi la création de manifestations littéraires comme « l’Aude et ses poètes », et plus récemment, le festival de poésie « les Mots du Vent » dont la 4ème édition aura lieu du 4 au 6 juillet 2025 à Villesèque - des - Corbières (11360) sur le site de Château Bonnafous.
Le festival propose dans ce cadre naturel trois jours de fête poétique :  salon du livre avec la présentation des ouvrages publiés, 2 ateliers d’écriture adultes et enfants, 4 concerts, 5 lectures, dont 2 lectures musicales, des animations poétiques et des jeux d’écriture.
Programme détaillé : www.lesmotsduvent.fr 
Réservations : infopoésie@lesmotsduvent.fr

 



 

Entretien


Nadège Cheref : Chère Flore, peux-tu nous dire quand et comment est né le festival « Les Mots du Vent » dont tu es la créatrice ?

Flore Iborra : Depuis quelques années j’organisais des événements ponctuels avec l’association Livre au Vent dont je suis présidente et  qui a pour objet la valorisation du livre dans les Corbières, ce qui n’exclut pas  les autres formes d’expression (musique, arts plastiques, danse etc...). Avec la manifestation « L’Aude et ses poètes », j’ai travaillé à recenser les poètes de l’Aude, connus, moins connus, auxquels nous devons beaucoup. Avec notamment « Une petite géographie poétique de l’Aude » ou une soirée complète consacrée à René Depestre, installé à Lézignan, et avec lequel j’ai correspondu, ou encore de belles découvertes comme celles de Paul Pugnaud et Jean Lebrau qui ont su traduire ce continent rouge et noir de cyprès et de vignes, qu’il soit contemplé depuis la mer, ou de l’intérieur des terres, et s’inspirer de sa mélancolie, de sa métaphysique, dans une proximité peut-être avec la Provence. Sans oublier les très grands que sont Joseph Delteil et Joe Bousquet. J’ajoute que j’ai découvert très jeune, à Paris, Pierre Reverdy qui m’a fait entrer en poésie, et que j’associais alors à Montmartre ; j’ai appris bien plus tard qu’il était parti de Narbonne avant de rejoindre le Bateau Lavoir.
Un jour, une amie m’a dit étourdiment que je devrais créer un festival de poésie. La charge me semblait bien trop lourde, l’idée impossible. Aujourd’hui le festival s’avance vers sa 4ème édition.


N.C :  Peux-tu nous parler du déroulement de ces trois jours de festival ? Et qu’aimerais-tu que les festivaliers en retiennent ?

F.I :  Le festival de poésie Les Mots du Vent est pensé pour son public, ou plutôt ses publics, à cause de la variété des habitants des Corbières. Ruraux, néoruraux, étrangers, touristes, amoureux de la poésie éparpillés dans son territoire ou venus d’ailleurs, sans oublier les festivaliers. Le programme, réparti sur 3 jours, s’appuie sur un Salon du livre, l’accès aux livres, le dialogue avec les éditeurs, les auteurs, les comédiens, les passeurs de mots et d’expression (jeux, ateliers d’écriture) est pour moi très important. En effet, en raison de l’éloignement géographique avec les librairies, les bibliothèques, et leur faible fréquentation, le festival est l’occasion de toucher, de voir, d’entendre ce qui est rarement accessible. Donnant chair aux livres, plusieurs lectures de poètes sont prévues (Manuela Parra, Alain Marc, Patricio Sanchez, Marilyne Bertoncini) ainsi que la présentation des dernières publications des éditeurs (La Boucherie Littéraire, les éditions Jacques Flament notamment). Mais aussi du théâtre avec « le plâtrier siffleur » de Christian Bobin dit par le comédien chilien Rodrigo Ramis et sa cérémonie du café, ou « la PoétiqueAction » d’un collectif d’autrices, jouée, chantée, dansée. Une lecture occitane réalisée par des enfants est également prévue.
La participation est aussi mise à l’honneur : 2 ateliers d’écriture (adultes et enfants), 2 scènes ouvertes, des « Consultations poétiques » individuelles, des tablées de jeux poétiques avec l’UpÔtek. La musique sert bien entendu l’univers poétique, ainsi la « Carte blanche à Véronique Vigna et Chris Bekker » ( poèmes et Sannza Music, venue de Tunisie).
 Enfin 4 concerts sont programmés: un concert de bienvenue avec un apéritif gratuit le 4 juillet à 11h devant la mairie de Villesèque), un concert chaque soir sur le site de Chàteau Bonnafous. Le 4 juillet à 21h, concert rock autour de Bob Dylan avec le groupe « Blue Cake », le 5 juillet à 21h, « la Guitare poétique » de Joan Melchior Claret, enfin le 6 juillet à 20h, un concert exceptionnel de Vicente et Rafael Pradal (guitare, chant, piano jazz et flamenco).

N.C : Flore, tu es aussi et surtout poète.  A quand remonte ton amour pour la poésie et te souviens-tu de ton premier poème ?

F.I :  La poésie est un moyen d’expression extraordinaire, mais pour ma part, j’ai envie d’évoquer l’état poétique, qui relève de la perception, du regard, antérieurs à la lecture, à l’écriture où il trouve à s’exprimer.
Je crois que j’ai  été, dès le berceau, passionnément contemplative, scrutant le réel de tous mes sens ; et que j’ai toujours vu les livres comme de merveilleux véhicules, les imiter maladroitement dans l’enfance a été un exercice secret,  aussi naturel que les dessins, qui remonte aux premières années d’école. Un petit bouillonnement personnel, dépourvu de nom au départ, sans première fois, rejetant au-dehors, sans préméditation, quelque chose qui voulait être.

N.C : Comment décrirais-tu ta poésie ? Quelle est ta principale source d’inspiration ?

F.I :  La poésie que je pratique ne pourrait exister sans le fait de contempler et de voir. L’attention portée à un détail, à une globalité n’est pas forcément perdue Elle est parfois préservée par des mémoires vivantes, actuelles ou anciennes, disponible, réactivée par un détail infime, un objet infime, une feuille de lierre retournée peut être le ferment d’un poème. Tout est important et peut être source d’inspiration. Ma seule ambition est d’être juste, d’atteindre la justesse des mots ensemble, c’est très difficile, j’écris, je laisse, je recommence et polis doucement le poème, à l’oreille, pour vérifier qu’il tombe juste.


N.C : J’ai eu le plaisir de t’écouter. Quand tu lis tes poèmes, nous sommes comme hypnotisés… Que représente pour toi, l’oralité dans la poésie ?

F.I : C’est une grande responsabilité de donner vie à quelque chose. Il y a le soin donné aux mots, puis leur façon d’être alignés dans un livre, leur présentation avec l’encre, le papier, l’illustration peut-être, la couverture, c’est une façon d’aider le lecteur, seul maître à bord à présent, de lui donner des pistes, des indications pour sa traversée solitaire. Mais si on lit un livre en public, on redonne le texte avec son intention première, l’auteur - si c’est l’auteur qui lit-, réécrit à nouveau son texte, c’est à dire qu’il transmet l’émotion première, retravaillée, retranscrite, les mots ne sont pas là, au hasard, pour faire joli, et s’ils chantent à l’oral, c’est pour délivrer leur vérité.

N.C : Enfin, quelle serait ta définition de la poésie ?


F.I : Chacun a sa définition de la poésie. La mienne est classique et garde son mystère ; très imparfaitement et de mémoire, la poésie serait cette force qui fait passer quelque chose du non-être à l’existence.




Poèmes de Flore Iborra


 

1)

Sur l'auto immobile

des traînées de nuages
 
            glissent

le soleil

    sous la peine 

s'éparpille et revient


il perd son or amer

dans le froid de la nuit


 pourtant,

 dans l'air

s'arrête


le goût des fleurs


 on attend la pluie.






2)

Souvent tu veux me perdre
et disparais,
mais je te vois encore
dans ces feuillages
que je croise près des gares,
bordant des cafés anonymes
ou plantés là
aux carrefours
dans ces feuillages,
dans ces mains de feuillages,
ténues,
vivantes,
déployées,
se balançant dans l’invisible,
s’étirant par brèves secousses,
jusqu’à la finesse des ombres,
jusqu’au bleu impossible de l’été
comme un haussement d’épaules,
comme un sourire déposé
dans la matière vagabonde
amoureuse du vent.



3)


En haut d'une rue lointaine
m'attendait un poème sans visage.
Que  me veux-tu
tes mains sont vides ?

Je n'avais rien
fermais les yeux
marchant encore pieds nus
sur la toile
d’une terre blonde et friable
sur ses roulis infimes
le crissement de ses murmures
mêlés au végétal

un ciel pur
renversé
glissait sur ma peau
les ondes du fleuve
grises
majestueuses
dilataient leur lenteur dans un parfum de vase
des corbeaux peuplaient le silence
les feuilles chuchotaient
dans la petite folie du vent
qui roulait par moments sur l'argile. 

 

 

 Programme du festival

 

 


 

 
 
 
 
 
 
 
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire