Xavier Monloubou


Comment‘airs à des auteurs de la revue Lichen n° 47 (avril 2020)

-1-
Il faudrait forcer un peu l’écorce aux constellations :
rêver, retenir leurs souffles sans éteindre toute la nuit…,
effleurer la neige lointaine de leurs étoiles sans bruits 
comme relever sa tête et sourire devant l’interrogation, au beau cri de l’enfant

-2 -
Le petit bonhomme tient l’aube dans sa main, « quand est-ce que tu dessines le monde »
dit il – c’est qu’il cause, de ce monde fait de lune blonde, dans sa main encore bien ronde…

-3- 
Jeu de marelle, un pas un vœu à chaque fois, 
avec la craie blanche pour pointiller jusqu’au ciel
un cygne, une lune, un cœur rose, un soupir au vent, 
le tout sans retenue, mais la main doucement avec l’arc en ciel 
revenu ce matin pour rester jusqu’au soir, en chacun de nous

-4- 
De petites mains retiennent souvent l’élan de l’étoile filante, toute verte la nuit, parfois
fête de vœux, toute éclose en touchant terre ; et le cœur respire toujours un morceau d’univers
alors la bougie, en reflet, en flamme ronde et blonde, elle offre au monde un téton de lumière 

-5- 
au pas gymnastique — le pas en batterie sur le sol, en prolongement du cœur
pour s’étirer, sourire les bras ouverts avec une belle signature dans de l’air,
et se détendre à la cime de tout : au plus haut des silences, là il n’y a plus un mot
sinon un reste de nature…, des bourgeons de neige, le corps et l’égratignure du printemps. 

-6- 
Il bat le tambour avec ses ailes, devant chaque porte où il dépose un souffle d’or
Ah le coq, il s’éveille après avoir déréglé la nuit et le bas monde qui dort
Pour devancer l’aube, le voilà qui chante puis s’étire, entonnant un refrain comme un ressort !

-7- 
Vaciller n’est pas le mot de l’aube qui ouvre son corps de page blanche
Et partage son jeu brillant de rosée avec l’aurore ; à ses pieds 
Elle se découvre et vacille pour s’effondrer en pleurs, 
Mais le soleil magnanime en frôlant le jour
Lui rend chaque fleur plus belle

-8- 
la nuit - finit elle de déposer ses cendres, 
ou comme toute ombre s’effritant : sort elle aussi de terre, 
ah voilà le vent qui s’élève ; peut il finir de remuer sa page sombre 
et redessiner la nuit peut être, désigner celle là simplement du doigt,
faire la g.rève, c’est à dire parfois poser son point g du rêve
et laisser tarder la lumière déposant son armure de soie
sur la terre brulée

-9- 
Les vagues ciselaient le front de mer devant un peintre du dimanche, bien habillé 
appuyé sur le sol, de son poids léger, le regard alerte d’une mouette déjà emportée
au dessein de sa troupe comme elle en liesse et le sourire reporté 
sur une pièce de lumière contre l’œil de printemps, quand à lui, il s’endormait

-10- 
Le regard jaillissait d’un front saillant, il creusait son sillon sur la pierre, entre l’air et le mot ;
bon tailleur qui rêvait de pierre : soudain une inscription enfouie sort de la roche, fait un rot !
Drôle de rêveur, graffeur de tout temps, qui sort de la grotte suivre l’écho 
celui là inscrit son nom à la ruelle, un verre à la main, sifflotant au bon coup de ciseau !

-11- 
Quel beau ciel bleu, au réveil : est ce l’esquisse d’un rêve au milieu de la nuit 
à chercher l’électricité l’or de ta voix au vent qui resurgit
quand retrouverai je le sourire de tes mains, sans m’égratigner
aux nuages, pesant l’once d’une aurore en embrassant l’air frais

-12-
Risquer le pas qui semblait inaccessible, entrer enfin dans l’invisible
instant fragile, respirer au doux revers de la montagne accessible
où fermer les yeux et sentir approcher tes lèvres libres au baiser indivisible

-13- 
Un poisson d’or attaché aux vagues se hissant aux virgules faites d’eau, 
jouait des reflets sur son dos, des arabesques à tout mot contre la page des flots, 
l’horizon, son souffle et sa paume entre les mains d’un Océan en repos.

-14-
Mon pas oscille sur des allées vertes en ce temps presque clos
Au pas gymnastique et sûr, à sourire et redire le secret doux 
à l’âmie la main sur le cœur, au rythme qui éclot 
à nos paysages endormis et sortir du silence parfois fou 

-15- 
À repeupler la solitude douce du pas, à dessiner sur le sol un mouvement tranquille, à danser les bras pleins, alors le pas fertile du nuage saigne de bleu en bleu les cieux. 

-16- 
Au pli de ses lèvres un w, un travail d’oiseau, le rêve amer du vent sous ses ailes bientôt, l’œil courbe observant les chevaux pressant la terre contre la mer, jouant autour des vagues au goût de sirop, le soleil étire le fil de soie rose à leurs pas de soubresauts et, l’indigo les rend dingos 

-17- 
L’innocence pour être plus doux que tout mais, lorsque d’un mot de peu de lettres, tes bras s’ouvrent, alors, voilà qui est bien plus doux que tout… 

-18-
Le printemps…, toute une saison pour absorber l’hiver, l’air sans refrain y serait un peu sec, et la chaleur sans la brume matinale, … ah le dessin planté des arbres, les mains pourtant bien sous pli au chaud dans ses coutures de lin. 

-19- 
Le temps de courir, le temps est déjà passé, le temps de marcher, le t…, mai le temps de fleurir, l’été est arrivé…

-20-
Le mot fleur est il assez bruissant pour évoquer chaque passant qui forme la saison du printemps, enfilant une robe d’eau depuis l’océan, hissant des vagues do ré mi d’eau à son branchage puissant…

-21-
Je la trouverai là, s’endormant entre le noir et le blanc, livrée au duel permanent avec le jour appuyé contre mon épaule, et puis son voile s’envole, la nuit folle prête son bruit sec à mon oreille, elle s’en va, sourde le jour. 

-22-
Une main ouverte de l’instant au suivant, mais cette main, est ce une étoile recouverte, celle d’un adulte en larmes qui revient comme un gamin. 

-23- 
Je marche toujours vers un lieu nouveau, je suis épris d’idéal, vivant ailleurs où je ne me cache plus, habitant en personne sous de beaux balcons, où la main céleste de l’hôte est surgissante comme une aile, est ce là l’accessible rêve durant la douceur de la patience, la tendresse des soupirs, toute taillée de la même pièce, m’indiquant son chemin, et plus rien ne semble loin. 

-24-
L’écriture est mon seul voyage sur le papier, au pas doux de mes chevaux, au plus petit des bruits de forêts : écrire éclore rêver de la montagne enneigée, fondre l’instant d’après dans tes bras de brillantes cimes. 

-25-
Tout à la fois ce mot de vent quand l’herbe comme le rocher se brise à l’instant, l’oiseau et la bise ne volent plus et parfois comme un enfant, il forme le nuage qui se détend.

-26-
L’infini sur un simple pas, de loin en restant prés, regarde le pas du cheval dans celui du pré, la mule remontant vers Jérusalem avec qui tu sais, marchons marchez d’une impatiente éternité, marcher avec l’animal, il l’a déjà trouvée. 

-27-
Nous même sans bruit, est ce juste une part au silence et grandissant, une simple suite dans la main de l’enfant qui dure sans bruits sans abris contre le mur de plumes du bel oiseau qui, tout en écriture crie, la plume en l’air, renverse tout ce qui bouge, enfin, comme un enfant les deux mains mises bout à bout. 

-28-
Je laisse filer mon regard sur quelques bêtes comme un bétail oublié, il y a aussi un éventail de météores comme des entraves aux étoiles ou bien est ce des rochers me traçant un chemin plus gai avec de la pierre usée à un autre que moi et me réveillant main dans sa main.

-29- 
J’ai ouvert la vague, lorsqu’elle s’écrase sur mon genou, 
Avec un reflet de soleil, lui même devant son corail rouge qui saigne, plus doux
Avec la saison de pluie me dorlotant, je me baigne, mais tout mon corps est debout
Dressant arbre, terre et le vent est il une phrase du ciel toute douce contre moi, un froufrou.


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