Virginie Delahaie

 

Prose à l'absente 19

 

Aux oubliés. En hommage à Primo Levi.

 

L’épais brouillard a recouvert notre existence.

 

La haine humaine a dépassé la grande faucheuse.

Mais nous nous tenons encore debout,

ultime acte de résistance.

 

Même si nos pieds ne portent plus que des restes de godillots.

 

Même si tout en nous est creux.

 

Notre ventre.

 

Nos yeux.

 

Nos joues.

 

Ce qui reste de notre visage et de notre corps.

 

Fantômes prisonniers du spectre de la folie humaine.

 

Parfois, nous entendons battre un peu notre cœur.

Juste un peu. Il semble en sommeil en attendant la fin de ce cauchemar.

 

L’air obstrué de cendre ne passe plus dans nos narines.

Comme si les corps partis en fumée s’y refusaient, eux aussi dans un dernier acte de résistance.

 

Comme ce soleil qui guette l’instant pour percer et aveugler,

au-dessus des arbres aux branches nues

les âmes errantes attendent l’heure de la vengeance. 

 

 






De veine crépusculaire, Virginie Delahaie allie ombre et lumière à travers ses écrits sur l'humain, les instants de vie et les moments en suspension... Présente dans les n° 29, 52 et 63 de Lichen.

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