Virginie Delahaie


Fuir la violence,
se tenir loin du vide et de l’absurde,
être furieusement accrochée
à l’essence même de mon existence,
avec cette présence des disparus
dont chaque objet ici
tiroirs, armoires, portent empreintes et cicatrices
et m’invitent impérieusement
à garder intactes mes convictions
même dans les affres de ce temps.

°

Soir d’automne.
Le petit cagibi où le temps s’écoule lentement,
suspendu comme un manteau au cintre de la nuit.
Une toile d’araignée et son insecte
prisonnier oublié, pendu dans le vide.
La lucarne où se reflètent les lueurs des réverbères
déformées par les hachures cinglantes de la pluie.
La onzième heure vient de tomber.

°

Nous avançons dans le temps
nous,
les mendiants de ta présence,
résistants silencieux,
nous faisons reculer l’heure sombre ;
l’appel de la terre nue.

Les renoncements resteront au seuil.

Le sang circule ardemment en notre corps et le soleil d’automne réchauffe nos os.





De veine crépusculaire, Virginie Delahaie allie ombre et lumière à travers ses écrits sur l'humain, les instants de vie et les moments en suspension... Présente dans le n° 29 de Lichen. Ces poèmes sont extraits du recueil inédit Prose à l'absente.

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