Pour René Char en Luberon
J’ai regardé jusque sous les pierres coupantes
l’empreinte durcie de tes semelles
j’ai cherché ton visage dans les lacets du paysage
et n’ai compris qu’une absence élevée en peine
sur toute la largeur du Luberon
Que la roche remplisse ta silhouette
du couchant des falaises de lapis aux pierriers du Ventoux
si profonde que le regard s’en inquiète
puis s’en émerveille
tel un phare dans les mains de la houle de l’aube
seule la terre aux troncs noircis
entre les calcaires et les lavandes
encaisse tes sentiers
ta respiration devenue chair
ton ombre devenue bruit
et ta figure siffle de ce mouvement d’étoiles
à la courbure de la nuit
le dégrafé du visible de la naissance des crêtes
piétine toute pudeur
aux ocres des sous-bois endormis
thermidor 230
Né en région parisienne et vivant à Paris, Vincent Gispert a publié quelques poèmes dans les revues La Passe et Poésie première. Présent dans les n° 42, 44, 45, 46, 48, 49, 50, 78, 79 et 82 de Lichen.
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